James Gray, cinéaste à la filmographie intense et fiévreuse, donne avec The immigrant un très bel exemple de son talent, hors des modes et de l'innovation stérile. The Immigrant est un film fort et émouvant.L'histoire, dans la pure tradition mélodramatique(mais cela n'est aucunement péjoratif),s'attache au destin d'Ewa et de Bruno, qui trouveront tous les deux un chemin vers la "lumière". En même temps, Gray décortique le rêve américain, si douloureux, tournant souvent au cauchemar(voir le prologue).Les personnages sont d'une belle épaisseur:Marion Cotillard(oui,arrêtons avec ce sempiternel bashing),très crédible en immigrante,fragile, vulnérable, mais aussi subtilement sensuelle dans certaine scènes où elle met à mal son personnage d'éternelle victime.Son visage obstiné illumine chaque scène.Joaquin Phoenix est comme toujours incroyable dans la peau d'un personnage haïssable mais aussi très attachant,ce personnage complexe, tourmenté, et fascinant.Ce personnage, loin des clichés est joué par Phoenix avec l'intensité, la rage qu'on lui connaît, et, comme toujours se réinvente, transcende son rôle. Jeremy Renner a un rôle moins intéressant mais très complexe néanmoins.
La mise en scène de Gray est un enchantement: des travellings qui accompagnent les personnages, ces éclairages au couleurs chatoyantes, ces plans qui réaniment une époque disparue. Son film prend son temps mais aucune scène n'est superflue:les personnages évoluent à chaque scène.Son film est d'une beauté formelle qui symbolise parfaitement les passions qu'il raconte.
Si on ne devait retenir qu'une scène,
ce serait cette magnifique scène finale où Bruno se sacrifie pour Ewa,veut se rendre détestable auprès d'elle, mais où elle lui pardonne.
Si on ne devait retenir qu'un plan,
ce serait ce dernier plan qui montre la séparation de ces deux destins, (grâce un jeu de reflets subtils) ,Ewa et sa soeur enfin sauvées,Bruno aussi, mais d'une autre façon.Ce dernier plan cristallise tout le film,sa beauté,son intensité.
Une très grande réussite,moins que The Yards ou We own the Night mais qui continue de prouver la grandeur de ce cinéaste.J'attends avec impatience The Lost of City Z.