Bong Joon-Ho réussit avec The Host l'un des meilleurs "films de monstres" de ces dernières années,grâce à un ton surprenant dans ce genre de films.
Il s'appuie tout d'abord sur la comédie sociale.L'histoire de cette famille qui se retrouve est crédible grâce à la drôlerie,à la finesse du trait(la scène où la famille pleure tout en se disputant passe des larmes au rires,tout comme d'autres scènes telles que l'évasion de l'hôpital).Il n'y a pas de bons sentiments,seulement la misère de chacun et son évolution vers quelque chose de mieux,vers une acceptation de l'autre.Le personnage principal ,"qui dort tout le temps", résistera aux anésthésies,son frère alcoolique, se servira de ses bouteilles pour une meilleure cause tandis que sa soeur,jugée trop lente,réagira à la bonne vitesse lorqu'il faudra.Cet attachement pour les paumés n'est pas seulement visible au sein de cette famille, mais aussi dans la description de ce jeune garçon sans-abri obligé de chaparder ou dans le personnage de SDF, vers la fin du film, qui aura un rôle décisif dans la lutte contre le monstre.Ces personnages,Bong Joon-Ho les fait exister de manière crédible en quelques scènes seulement, mais avec un sens du détail qui montre un veritable attachement pour les classes sociales pauvres.
Une scène comme la traversée du barrage, qui peut paraître anodine, est superbement réussie. Elle est tout d'abord drôle(les commentaires du frère), poignante(le "héros" ne veut pas lâcher les économies qu'il avait faites pour sa fille) puis évoquant une réalité sociale dure (la corruption à tous les étages).
Car le réalisateur dénonce un gouvernement bâti sur la peur.Il dénonce les institutions:le poison qui a crée cette mutation sort d'un laboratoire,les médecins inventent des virus et n'arrivent pas à comprendre certaines évidences.De l'autre côté, il dénonce les médias,voyeurs de la détresse des gens, mais aussi l'armée, inefficace contre un tel monstre, et dont les méthodes ne provoquent que des catastrophes écologiques.Les Etats-Unis sont également contestés, et Bong Joon-Ho renverse finement les stéréotypes: le savant américain qui paraît sûr de lui et fiable se révèle en fait tout à fait inquiétant.
Le monstre est lui-même à la fois ridicule volontairement et inquiétant lors des scènes dans les sous-sols et dont le comportement est imprévisible (lorsqu'il vomit des ossements).Mais, comme dans le cinéma classique, ce monstre est surtout prétexte à mettre en scène des personnages proche de nous et à parler de la réalité du monde.Cependant,les scènes où il apparaît font naître une tension viscérale qui nous cloue à notre siège.
Un superbe film, drôle et émouvant l'une des grandes réussites du film fantastique de ces dernières années.