Dans ses interviews, Roger Corman revient fréquemment sur ce film, le seul qui lui a fait perdre de l'argent, mais c'est c'est aussi celui dont il est le plus fier. Il a raison, car non seulement, c'est formidable, mais le sujet est malheureusement toujours d'actualité.
Dans une ville du Sud nommée Caxton, un homme débarque en bus dans un costume blanc. Beau parleur, il vient interroger ses habitants sur leur opinion concernant le vote d'une loi antiségrégationniste permettant à des étudiants de couleur noire d'intégrer désormais le lycée. Le baratin de cet homme, joué par William Shatner, va être tel qu'il va haranguer la population et réveiller de vieux relents racistes qui vont enflammer la population.
La redécouverte, bien des années plus tard, de ce film me permet toujours d'en dire du bien. Outre son acteur principal qu'on adore détester sous ses airs charmeurs, il y a des moments toujours aussi forts comme cette dizaine d'étudiants noirs qui traversent la ville sous le regard haineux des autres habitants, l'église en feu, ou ce final toujours aussi fort où la folie d'une ville, poussée par un mensonge, va mener les habitants au lynchage d'un étudiant.
Rappelons que l'Amérique de 1962 était encore sous le joug ségrégationniste, alors il faut imaginer la puissance de ce film, qui dénonce cet état de fait par le biais d'une petit ville et d'une sorte de prédicateur, dont on se doute que le miroir qu'il tendait n'a pas dû faire plaisir et a conduit à son échec.
Mais l'histoire, celle du film et celle avec un grand H fait qu'il reste toujours aussi fort, emporté, et mine de rien, c'est limite de l'horreur. C'est dire la réussite de The intruder.