Portrait d'un tueur à gage calculateur, méthodique et à la pensée autocentrée qui n'est pas sans nous rappeler un certain Dexter, "The Killer" se différentie (mais pouvait-on en attendre moins de David Fincher ?) du tout-venant des films d'action hollywoodiens qui mettent en scène ce genre d'individu.
Evoluant mentalement en dehors de la société dans laquelle il fait tout pour passer inaperçu, afin de pouvoir évidemment opérer le plus efficacement et le plus discrètement possible (mon leitmotiv préféré étant qu'il n'adresse jamais la parole aux "civils", guichetiers, standardistes, caissières, etc. afin de minimiser sa "trace" : pas d'accent, d'intonation potentiellement identifiables ainsi), notre tueur apparaît dénué de toute particularité, de tout goût ou curiosité qui l'humaniserait un tant soit peu...
excepté son attachement pour sa compagne (dont on ne sait pas grand chose à part sa loyauté pour lui) qui va servir de moteur à sa quête de vengeance, catalyseur narratif de l’histoire.
Le film alterne les longues scènes introspectives de préparation en amont d'un projet d'assassinat, et les passages à l’acte qui ne déçoivent jamais, que ce soit dans les dialogues (plutôt des monologues tant notre protagoniste est quasi muet) ou dans l'action lorsque celle-ci surgit
(Fincher nous régale d'une incroyable séquence de combat au corps-à-corps, âpre et sans fard).
Malgré la propension du protagoniste aux monologues intérieurs, on en apprendra peu sur lui, sur ses motivations, sur le choix de continuer à vivre une vie de robot aseptisée et millimétrée ("what it takes"/ce qu'il en coûte), alors qu'il avait déjà les moyens de plaquer sa vie d'assassin et de vivre dans l'opulence, et ce bien avant l'incident parisien du début du film. Etait-ce par addiction ? Par plaisir du travail bien fait ? Par loyauté à son employeur ? On s'en tiendra à ses propres mots : "Less you know, the better"/Moins tu en sais, mieux c'est.