The Killer tente une introduction qui se veut plus réaliste de la vie d’un tueur à gages professionnel : de la solitude, de l'attente et pas mal d'ennui, que ce soit pour Michael Fassbender comme pour nous. Si c'est ça leur réalité, il n'y a pas vraiment d'intérêt cinématographique. Alors bien sûr ça rate, le tueur fuit son perchoir parisien, et cherche à se venger d'autres qui ont tabassé sa copine. Poursuite, baston, fusillade et villa de rêve, dîner sous tension, clap de fin. Sauf que Fincher continue à filmer ça de manière beaucoup trop sérieuse, enlevant l'aspect cathartique des films d’action et de vengeance et appuyant encore plus sur les incohérences de ce type de scénario. Si on devait éliminer un tueur à chaque fois qu'il rate, l'agence aurait vraiment du mal à faire du business. Et pourquoi choisir d'éliminer le premier et pas les secondes qui ont également raté leur cible ? Je pourrais vous lister toutes les petites absurdités du film, et il y en a pas mal. Mais l'intérêt c'est plutôt de se dire que dans certains autres films qui font un pari d'être plus divertissants ou plus spectaculaires — des John Wick, du Guy Ritchie… — nous sommes plus indulgents. Car si leur caractère est excessif, ils déploient des univers relativement cohérents. Ces films passent un contrat assez clair avec leur audience, ce qui renforce notre suspension d'incrédulité. Ici, en conservant certains ressorts narratifs des films de tueurs et de vengeance mais avec un style sérieux et plus clinique, presque condescendant, The Killer est incapable de maintenir un tel contrat. Il est trop sérieux pour être divertissant et trop bancal pour être crédible.
Un petit point bonus tout de même pour Tilda Swinton qui apporte son charisme et son élégance face à un Michael Fassbender mutique.