Il n'y a pas de dialogues dans The Killer. Ou si peu. Mais une voix off, si, hélas, et tellement pénible débitant ad nauseam le mantra du tueur : "Respecte le plan. Anticipe. N'improvise pas." Mais il y a mieux encore, cette sublime (rires) phrase qui résume la philosophie de notre homme : "Le seul chemin tout tracé est celui qui a déjà été parcouru.' Trop puissant ! Que faire d'autre que s'incliner ? Plus sérieusement, le portrait de ce samouraï 2.0 (au moins), sur la route de la vengeance, est aussi froid qu'un cabillaud mort, en plus solennel et pompeux. Le tueur est obsessionnel, écoute les Smiths en boucle (cela aurait pu être pire), mais il est surtout bavard dans sa tête, c'est là où le bât blesse. Pour réchauffer l'ambiance, sinistre, il y a tout juste une bagarre musclée et bien filmée (c'est Fincher qui est aux commandes, quand même) et un somptueux quasi soliloque de Tilda Swinton qui prévient qu'il vaut mieux ne pas toucher au grizzly. A part cela, Michael Fassbender, aussi expressif qu'un colin mort (aucune raison de toujours accabler le cabillaud), ose quelques rictus de satisfaction à au moins trois reprises (soit dit en passant, il est bien plus acteur dans Une équipe de rêve, qui sort le 20 décembre). Dans une salle et sur grand écran, il est vraisemblable que The Killer aurait une gueule d'atmosphère plus marquante. Mais il n'y a même pas de quoi être déçu de son statut de film de plateforme, il ne mérite pas mieux.