J’ai débuté ce dernier David Fincher dubitatif. Le premier chapitre à Paris paraissait annoncer un film fort prétentieux, la voix off du tueur à gages empreint de pseudo-philosophie, dans une première scène inutilement longue n'augurait rien de bon, je ne suis pas spécialement entré dans l’ambiance de prime abord.
Le film prend son rythme dès le deuxième chapitre, de ce moment précis jusqu’à la fin, je n’ai pas lâché une minute d’attention. Tout prend son sens, toutes les scènes sont utiles, le scénario de vengeance – simpliste à souhait et digne d’une série B – se transforme, au contact de Fincher, en un périple sous tension ou la morale ne doit point venir troubler le travail de ce tueur froid et méthodique. Toute la maestria repose essentiellement sur le manque d'empathie qui, à tout moment peut basculer, ainsi coûté la vie ou la liberté à cet anti-héros. Fincher joue littéralement avec l'attachement que porte le spectateur vis-à-vis d'un psychopathe, en établissant une règle implacable : un retour à l’empathie et à une certaine morale le condamne possiblement à la mort, l’immersion au travers de la voix-off accentue ce fait. Dans la plupart des scènes d’assassinat – excepté, celui de Brute ou une confrontation physique lui ait imposé – On se demande réellement s’il va passer à l’acte. Ça fonctionne admirablement bien.
La musique et le design sonore restituent la tension et nous plongent dans le stress des situations. La mise en scène clinique, précise, mais néanmoins sobre et sans effet de style se révèle efficace. Le seul bémol au film (qui est davantage un goût personnel) est cette photographie que je trouve vraiment trop sombre, la bagarre dans la maison avec Brute aurait gagné en intensité en y voyant un peu plus, d’autant que c’est une scène de combat excellente et superbement découpée.
Un bon Fincher. Sobre et efficace.