Ferrara, je te hais. Tu es un génie et pourtant tu es incapable de faire un film complet.
En soi, le scénario est plutôt convenu, un grand baron de New York sort de taule, et il est pas cont...
Je veux dire qu'il est bien décidé à reprendre le contrôle de son empire à grands coups de bastos. Le film n'est pas avare en scènes bien violentes et nous embarque directement à un rythme assez effréné.
Notre cher ami Abel est beaucoup moins porté sur l'experimentation visuelle que sur New Rose Hotel ou sur Driller Killer, exit les plans dans une boite de strip tease passés au filtre rouge, ici, tout est en retenue et laisse éclater le charisme de Christopher Walken, qui va porter de ses petits bras de baron de la drogue glacial et silencieux, absolument tout le film. Et dieu sait que cette tache sera difficile.
A partir d'un scènario plutôt classique, Ferrara nous offre une lutte du "bien contre le mal" sans aucun manichéisme. Le bien n'est pas forcement vêtu d'un uniforme et le mal ne vend pas forcement de drogue, et c'est plutôt bien amené, on s'identifie assez facilement à Walken et a Caruso, qui joue ici un flic au sang chaud, suivant les situations, et l'équilibre entre le bien et le mal est fréquemment chamboulé.
En soi, c'est bien d'avoir un scénario profond, mais avoir un bon film, c'est mieux ! Et la, malheureusement, ça n'est pas vraiment le cas.
D'abord, Ferrara tente de mélanger deux tons, et ce de manière très brusque. On est souvent balancés d'un extrême à l'autre, ce qui nuit assez fortement à la cohésion du film et donne souvent l'impression que deux films ont été tournées et les scènes mélangées presque aléatoirement.
Ferrara a aussi une fâcheuse manie de sursignifier les choses, sans jamais les dire clairement. On nous dit que Walken est malade, on fait tout pour nous le faire comprendre, jusqu'à l'overdose, sans jamais le dire clairement. Zone d'ombre, oui, pourquoi pas, mais bon... Et de temps à autres, un passage totalement incompréhensible.
Et enfin, le rythme. Le film débute assez lentement, mais en accrochant directement le spectateur, et ça va un peu décrescendo, malgré l'augmentation des scènes de gunfight. C'est visuellement plus puissant, mais ça accroche moins le spectateur. Le milieu du film est aussi très creux...