Œuvre flamboyante d'un Abel Ferrara en pleine possession de ses moyens, The King Of New York est sans doute son film le plus abouti.
Christopher Walken incarne une figure du caïd de la pègre New-yorkaise avec une incroyable véracité. On est dans la catégorie très haut de gamme, aux côtés des James Cagney, Robert de Niro ou Joe Pesci, autres figures incontournables de gangsters charismatiques, il semble habité par son personnage de dandy névrosé classieux qui explose dans des accès de violence, mais possède une aura magnétique.
Ferrara dépeint un New York nocturne où les prédateurs semblent habiter par un démon de danse frénétique empruntant la rédemption comme purgatoire. Ses personnages évoluent en permanence en équilibre entre le bien et le mal. Un gangster trafiquant de stupéfiants qui se démène pour rénover un vieil hôpital dans un quartier pauvre du Bronx, s'opposant un duo de flics en mode vigilnate souhaitant éradiquer la racaille de la manière la plus radicale. Au milieu de cette constante improbable théorisant sur la notion de justice, se trouve un vieux flic alcoolique qui semble revenu de tout.
Dépeint avec un look froid et minimaliste emprunt des codes du film-noir, The King Of New York a incroyablement survécu au temps. Même son look funky fin des eighties débuts des années 90 a plutôt bien survécu au dommage de la postérité.
On y retrouve une belle brochette de seconds couteaux qui accèderont au rang de tête d'affiches par la suite. Un Wesley Snipes en flic vengeur, un Laurence Fishburne au look de Joey Starr tendance jazzman de Harlem, David Caruso mais aussi un Giancarlo Esposito futur Gustavo Frings dans Breaking Bad. Christopher Walken éclaire cette œuvre noire avec son aura magistrale.
Si l'on souhaite y regarder de plus près, ce film est sans doute le manifeste de son auteur, sans doute plus encore que son Bad Lieutenant, il s'interroge sur les notions de bien et de mal et leurs effets sur des hommes qui se prennent pour des Dieux et finissent crucifiés sur l'autel de leur mégalomanie.