Mardi
En arrivant à l'école, je suis seul. Je m'installe à ma table, entouré de porcs au rire qui me bouffe chaque jour un peu plus, dont le groin semble disparaître quand leur énorme bouche monstrueuse s'ouvre pour m'asséner des mots qui résonnent comme autant de coups de poing.
Je suis seul parce que tous les autres, ils sont pas humains. C'est juste une masse informe de créature qui me veut du mal. Ces visions me hantent, ces camarades qui me tue. Même ce chat est un cauchemar incarné dans une enveloppe corporel que l'on nomme être vivant.
Ils sont là même quand je dors, ils ont là, toujours. Parfois, je suis tellement seul que je veux fermer les yeux pour pas les voir mais je sais, je sais qu'ils sont là quand même, alors je les laisse ouvert parce que j'y peux rien de toute façon
Alors, parfois j'y pense. Et si tout ça s'arrêtait ?
Aujourd'hui, j'ai cru reconnaître des amis parmi ces silhouettes sombres. Ils sont gentils avec moi mais les autres, ils sont trop nombreux. Les porcs sont là à chaque fois que je rentre à la maison.
Mais comme y en a trop, je me dis que c'est plus facile. Qu'en me faisant taire, ils se tairont aussi.
________________________________________________________________________________________
King of pigs parle d'une société. Une société où les rapports de force sont légions. Celle des hommes.
Et par la même, parle de la mort. Quand elle n'est pas sous-jacente, elle est frontale. Quand elle n'est pas envisagée, son ombre plane malgré tout dans l'esprit du spectateur que je suis.
Les maîtres dominent physiquement, moralement, les serviteurs, ces chiens qui malgré tout aboient dans une veine tentative de rébellion .
Ce film est dérangeant, déroutant, percutant et ne m'a pas ménagé.
La violence qu'il dégage, c'est celle du quotidien au sein de l'horreur, c'est celle de la violence psychologique, de la solitude aussi.
La beauté de King of pigs réside dans sa narration, où le passé hante le présent et dans ses visuels, où les visions d'horreurs ponctuent une œuvre oppressante qui frappe là où il faut, quand il le faut.
Cette beauté, c'est celle d'une terreur, celle provoquée par le harcèlement, par l'espoir qui naît quand ton ami se dresse face à tes tortionnaires.
Un beauté qui parle de relation aux autres, d'amitié, de harcèlement, et qui en parle bien.
Ces dessins sont réels, parlent du réels. Ces porcs aussi sont réels. Aussi réels que le souffle froid qui a parcouru mon corps durant le visionnage de ce film.
J'ai subi le malaise et la peur, la souffrance physique et les rires assassins, sans sas de décompression.
Le film m'a fait vivre, m'a fait ressentir ses héros.
La mort n'est jamais bien loin.
8,groin/10