Lors de la Première Guerre mondiale, le duc d’Oxford monte un vaste et ingénieux réseau d’espionnage pour résoudre le conflit. Mais son fils, Conrad veut absolument participer aux combats et s’engage dans la troupe malgré les mises en garde de son père.


À force d’étirer une bonne idée sur plusieurs films, il finit par ne plus rien rester. Cette préquelle des deux précédents films Kingsman est vidée de sa substance et ne contient plus grand-chose.


Techniquement, ce King’s man est un mélodrame. La vie du duc est sinistre, jalonnée par les décès et dépourvue de l’amour qu’on lui présente pourtant sur un plateau. Le scénario se veut appartenir à l’espionnage, mais est exempt des rebondissements invraisemblables typiques du genre et repris dans les précédents opus. Aucune technologie extravagante ne vient égayer le spectacle, alors que le steampunk est un régal. Enfin, le scénario s’efforce de coller à l’Histoire tout en massacrant les personnages et les faits (Raspoutine homosexuel, sérieusement ???).


Pourtant, les acteurs sont bons. Ralph Fiennes, un vétéran au pedigree impressionnant (il a joué dans Strange Days et Dragon rouge, par exemple), se démène pour donner de la profondeur à un homme brisé qui s’efforce d’accomplir son devoir malgré sa douleur. Tom Hollander joue 3 personnages avec brio et montre ici un vrai talent. Djimon Hounsou campe encore une fois le guerrier sage qu’il avait déjà incarné dans Forces spéciales (cet acteur béninois joue dans des films français et américains) ou dans Gladiator. Son répertoire comprend des méchants (Les Gardiens de la Galaxie) ou des personnages ambigus (Papa Midnite dans Constantine). Seule Gemma Arterton affiche une indépendance et une insolence complètement anachronique. Pourtant, elle aussi est une vétérane qui a joué entre autres dans Prince of Persia. Un problème de direction, peut-être ? Par ailleurs, on aperçoit trop brièvement le sous-estimé et sous-exploité Charles Dance, talentueux acteur au riche et vaste répertoire.


Malgré ces talents et une image correcte, le film est poussif et s’essouffle au fil des scènes. Des longueurs avec des ralentis ou des travellings interminables, des scènes d’actions brouillonnes et du blabla mélodramatique à rallonge. Ajouté à ça un manichéisme pénible (les méchants sont très bêtes et très méchants), et le film assomme méthodiquement le spectateur. Par ailleurs, si le gore a été agréablement éradiqué, il a également emporté avec lui l’humour et ça, c’est une faute. Car sans suspens (on sait comment s’est terminée la Première Guerre mondiale), sans humour, sans romance et sans gadget, il ne reste qu’un ennui larmoyant.


De plus, il s’agit tout de même du prequel des Kingsman, soit la création d’une agence privée de renseignements. Or, de ce côté-là, il n’y a rien à par 2 rappels lourdingues sur les pseudonymes et le couteau de chaussure qui ne servent proprement à rien. Aucune information sur la nécessité d’être indépendant (au contraire, le duc bosse directement pour le roi), rien sur la couverture du tailleur et encore moins sur la nécessité de l’apparence ainsi que des manières. La devise provient d’ailleurs du méchant, ce qui n’a aucun sens.


The King’s man est un échec total. Le film se démarque complètement des deux précédents en perdant sa réalisation dynamique, humoristique et crade pour la remplacer par du mélodrame lent et inintéressant. Décidément, la qualité de Matthew Vaughn baisse continuellement depuis l’excellent Stardust. À éviter, cet opus ne sert à rien.

OeilDePatrick
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