Vous êtes vous déjà demandé ce qu'il se passerait si on associait Terrence Malick et Tommy Wiseau pour la réalisation d'un film ? Si c'est le cas, remerciez ce visionnaire de Sean Penn pour ce cadeau divin. En toute honnêteté, c'est la réputation foireuse du film qui m'a poussé dans la salle, je m'attendais à voir une purge sans nom, et je me suis bien trompé, fort heureusement. Enfin presque, ce film est un énorme étron, c'est un peu la version longue et bien pensante d'un tweet de Donald Trump, c'est hilarant à son insu, les idées sont mal exprimées, et l'écriture est digne d'un élève de CE1.
Dès l'ouverture du film, le ton est donné, une phrase pseudo philosophique tirée tout droit d'un bouquin de BHL, Bardem et Theron qui récitent leur texte comme si Sean Penn pointait sur eux un flingue au lieu d'une caméra, une composition pas terrible de Hans Zimmer qui s'étend dans la durée pour nous montrer que la guerre, c'est aussi une magnifique expérience humaine avec les n... euh pardon les opprimés, heureusement que les occidentaux sont là pour apporter leur savoir, on se croirait à moitié dans un spot publicitaire, je sais que toutes les critiques le répètent, mais je ne fais que constater, et à moitié dans une adaptation live de Tintin au Congo.
Franchement le début du film est ultra pénible, on voit 2/3 images violentes de guerre, et on introduit les personnages, sans réellement approfondir, c'est très contemplatif, heureusement, j'avais vraiment envie de me casser de la salle après 15 minutes de film seulement, histoire d'abréger mes souffrances. Heureusement, c'est aussi le moment où Sean Penn se rappelle que les dialogues de l'Attaque des Clones sont une merveille d'écriture. Chaque échange entre Charlize Theron et Javier Bardem m'a fait regretter la plume aiguisée de ce bon vieux George Lucas, faisant passer la remarque d'Anakin sur le sable pour du Aaron Sorkin, du Joss Whedon, et du Quentin Tarantino, tous à la fois.
C'est aussi le moment où des rires ont commencé à se faire entendre dans la salle, je m'étais déjà retenu en lisant la citation du début de film, par respect pour les autres spectateurs, mais dès que j'ai compris que je n'étais pas le seul à souffrir le martyr face à cette bouse, j'ai enfin pu me laisser aller. Le problème, c'est que je ne pensais pas que le film serait si proche de me faire finir à l'hosto. Si chaque échange entre les deux tourtereaux était suivi de quelques rires, c'était léger et moqueur, pas dangereux en somme. Cependant la scène du brossage de dent, on l’appellera comme ça, a failli mettre un terme à mon existence. Certains me diront « Kira toujours dans son exagération caractéristique », mais malheureusement The Last Face a presque réussi à faire ce que des films tels que Aladin ou Adieu au Langage n'avait que frôlé dans leurs rêves les plus fous, m'achever. La scène du brossage de dent, c'est un condensé des dialogues et des situations les plus ridicules possibles, qui abouti à l'auteur de cette critique en larmes, essayant de ne pas faire éclater son fou rire, encore une fois par respect, qui laisse échapper des couinements tellement la pression est forte, qui transpire comme pas possible tellement il se retient, et qui a fini par me foutre en hypothermie dans une salle bien chauffée. Quand devant un film tu te trouves à prier pour un nouveau massacre de civils histoire d'être sûr de ne pas rire (et encore, des fois c'est limites), tu sais qu'il y a quelque chose de pas net.
D'ailleurs je défèque allégrement sur les dialogues entre les deux protagonistes, mais le reste du casting n'est pas gâté non plus, Jean Reno, quand il ne sert pas d'élément de décoration, prononce des répliques nulles à chier, à tel point que dans cet ramassis de médiocrité, une de ses répliques sort du lot tellement elle est à la fois mal écrite et mal jouée. Même chose pour Adèle Exarchopoulos qui doit faire avec des dialogues créant un malaise pas possible dans la salle, notamment autour du VIH.
En plus des dialogues, des malaises entre les acteurs, et du côté con(templatif) de l'image, on a aussi le droit à des choix de musique plus que douteux, déjà le fait d'avoir les Red Hot, ça suffirait à étayer mon propos sans aller plus loin, mais ce serait passer au delà de la nullité du groupe pour constater l'utilisation douteuse au sein du film. Une première fois quand Bardem opère quelqu'un, une deuxième quand il se tape Theron, et une troisième en voiture où Theron fait ce que toute personne censée ferait face à l'écoute prolongée de ce groupe, elle se tire de la bagnole en marche, quand toute cette joie et bonne humeur est stoppée par un gosse éventré avec l'intestin étiré pour former une guirlande.
Parce que c'est ça aussi The Last Face, quand Sean Penn n'essaie pas d'imiter Malick et Wiseau, il se prend pour Mel Gibson, et nous montre le bel esprit de Noël dans les pays en guerre, quand on n'a pas de moyens pour se payer une bonne déco, on la sort tout droit de ses tripes là-bas, pas comme ces ordures d'occidentaux qui ne pensent qu'à leur gueule. Le film est d'ailleurs rempli d'images gores entre l'amourette ridicule, histoire de rappeler qu'on est en temps de guerre, à la fin on a même une scène insoutenable qui se finit par le suicide d'un gosse, mais bon on s'en tape, il était no... normand, les blancs sont sains et saufs heureusement, et c'est la fin, enfin presque, Charlize nous sort un discours moralisateur qui a l'air d'être récité par l'actrice elle-même et non son personnage.
En plus d'être simplement mauvais, ce film est non seulement insultant, pour tout un tas de raisons, moralisateur à deux balles, et surtout, il rate l'occasion d'exploiter un sujet ultra intéressant avec des acteurs de talent, tout ça pour le compte d'une histoire d'amour aussi crédible que la romance qu'entretient Chris Hemsworth avec moi. Quand on voit certaines scènes de ce film, on voit le potentiel d'un vrai choc, les acteurs essaient, ils ne sont pas forcément bons, mais ils essaient, surtout Charlize, malheureusement c'est écrit avec les pieds et on se retrouve avec une guerre sous fond de romance et non l'inverse, une daube sans nom, qui place d'entrée de jeu la barre très haute quant à savoir quel sera le pire film de 2017.