Geste héroïque et déjà suicidaire, The Last Movie aurait très bien pu l'être pour Hopper, qui envoie valser les structures narratives du tout venant hollywoodien pour produire une espèce de doigt d'honneur totalement libre, totalement radical, quelque part entre le making of, le Mondo et le western sud-américain. Quelques amis viennent figurer dans cette jolie transe suicidaire où l'on passe son temps à tomber, picoler, se casser la gueule et philosopher sur l'Homme.
Comprenons aussi qu'il est tout à fait possible de se sentir relégué sur la touche devant tel OFNI comme on peut l'être devant les bobines les plus trangressives d'un certain cinéma d'auteur français ou japonais de l'époque. Mais peu trouvent cette étonnante rigueur dans le suicide artistique, Hopper réussissant à faire le film qu'il voulait pendant que les exécutifs tiraient la gueule durant la projection test : le brouillon, parceque c'est un vrai brouillon de cinéma truffé de rushs qu'aucun cinéaste carriériste n'aurait gardé, se suffit déjà à lui-même.
On ne lui demande pas d'être La Nuit américaine, on lui demande d'être libre, comme Herzog lorsqu'il filmait les gens et peuples étranges du monde. Sauf qu'Hopper, paraît-il dans un état second, y apportait une dimension semi éveillée, confondant le vrai et le faux, le passé et le présent, le réalisme d'une cascade ratée implicant un cowboy et l'absurdité d'une mise à mort qui n'en était pas réellement une. A moins que son cinéaste ne soit aussi à côté de la plaque que le cow-boy qu'il incarne. On ne le reverra plus derrière la caméra pendant dix piges.