(ultra) Light my fire
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A la fin du 19ème siècle, deux hommes prennent leur tour de garde sur un phare situé au large de la Nouvelle Angleterre. L'un débute dans le métier, l'autre est un vieux loup chargé de le superviser. Entre leur relation explosive, et l'environnement aussi isolé qu'hostile, les choses seront loin d'être sereines !
Comme les premières images le suggèrent, "The Lighthouse" est très loin du cinéma conventionnel, et s'inscrit largement dans du cinéma expérimental que n'aurait sans doute pas renié le David Lynch de "Eraserhead". Robert Eggers a choisi sur la forme de renouer avec le cinéma du début du 20ème siècle. Un format d'image presque carré, un noir et blanc très sombre et ombragé qui rappelle le cinéma expressionniste, une caméra souvent statique, des acteurs qui parlent avec un langage d'époque et des accents "marins" très théâtraux : presque tout y est ! Mais tout est fait avec grand soin, notamment la magnifique photographie, les plans inspirés et parfois dérageants, et la bande son particulièrement anxiogène (sons constants de vagues ou de corne de brume qui deviennent oppressants, musique minimaliste mais pesante).
Sans parler évidemment des deux interprètes qui se déchaînent, livrant des prestations parmi les plus marquantes de leur carrière respective. Robert Pattinson et Willem Dafoe incarnent des personnages ambigus : un jeunot qui semble être un honnête travailleur mais laisse transpirer un lourd passé, et un vieux briscard aigri et injuste, qui sait se montrer aussi bon compagnon que grand mythomane. On y verra ces protagonistes sombrer dans la folie, sans vraiment savoir qui manipule qui, dans un thriller psychologique aux accents fantastiques.
Le scénario réserve son lot de thématiques, abordant des sujets aussi variés que la folie, l'homosexualité, les légendes & écrits nautiques, ou encore la mythologie, pour décrire le mélange de lutte et d'amitié entre ces deux hommes. Le tout avec une série de portes ouvertes ou de questions posées qui resteront très souvent sans réponse explicite, laissant au spectateur le loisir de la réflexion. Et là où ce scénario aurait pu s'embourber dans un face-à-face au pire ennuyeux, au mieux prétentieux, il n'en est rien ici. L'ambiance hypnotique et surréaliste est très bien gérée, de même que la relation complexe entre ces deux hommes, si bien que l'on ne s'ennuie jamais. Sans compter quelques touches d'humour aussi surprenantes qu'efficaces.
"The Lighthouse" étonne donc autant sur le fond que la forme, et constitue le genre de projet qui montre que le cinéma peut continuer à proposer des films ambitieux et audacieux, même après près de 125 ans d'existence.
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Créée
le 1 oct. 2020
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