(ultra) Light my fire
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The Lighthouse de Robert Eggers s'impose comme une œuvre dense, où mythe, psychanalyse et horreur fusionnent pour sonder l’isolement, la masculinité et la folie.
Le phare, point d’ancrage de toutes les ambiguïtés, se dresse à la fois comme décor oppressant et protagoniste omniprésent. Tantôt refuge, tantôt lieu de damnation, il symbolise une frontière entre terre et mer, réel et irréel, devenant une métaphore de la psyché humaine en déroute. La matière sonore (grondements des vagues, cris des mouettes, sirène incessante) martèle l'esprit, traduisant la perte de repères des personnages.
Ici, la chronologie s’efface, la logique vacille. Débarquer sur cette île, c’est franchir un seuil vers un ailleurs qui défie toute ancre dans le réel, un univers parallèle où les repères temporels et spatiaux s’effondrent. L’île devient un espace hors du monde, où chaque moment semble suspendu entre le tangible et l’onirique.
Dans les confins symboliques et oppressants du phare battu par les vents, les personnages deviennent des archétypes universels, reflétant les luttes fondamentales : Thomas Wake, figure tyrannique et quasi divine, évoque Poséidon, tandis qu’Ephraim Winslow, jeune subordonné attiré par cette lumière interdite, s’inscrit dans le mythe de Prométhée, dont l’audace précipite la chute.
Le phare, à la fois lieu et protagoniste, cristallise cette confrontation. Wake, gardien jaloux, incarne l’autorité oppressante bridant l’émancipation de Winslow, tel un gardien des enfers condamnant le héros à expier ses fautes.
The Lighthouse s’inscrit dans une esthétique archaïque et mythique, mêlant l’imagerie maritime aux récits bibliques et tragédies grecques. Les dialogues, empreints d’un lyrisme intemporel, renforcent cette impression d’épopée intemporelle. Par son jeu magistral de lumière et d’ombre, Eggers transforme chaque plan en une fresque vivante, explorant la folie humaine.
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