J'avais beaucoup d'attentes en allant voir ce film. Je suis très marquée par les exigences transportées dans notre société où être en couple semble être la destinée normale de tout un chacun. Le problème, c'est que je n'aime pas les règles. Ni les cases.
Et dans la société peinte dans "The lobster", les règles et punitions sordides-absurdes sont partout, chez les "si vous êtes pas en couple, vous serez changéEs en un chien/cochon/homard/chameau" mais aussi chez les "si vous osez ne serait-ce que flirter avec un autre solitaire on vous coupe les lèvres et si ô grand jamais vous faites l'amour, on vous coupe vos organes".
Il y a une genre de tension bizarre tout le long du film où ce que j'ai vu m'a révolté mais en même temps les gens ne se révoltent pas du tout. Le personnage principal se bouge les fesses seulement quand il sait qu'il va clapser (ou se homarifier), et encore, il a du cul.
Tout est réglementé, être en couple est la règle d'or. Cela nous fait nous questionner sur notre société. Car même si je pense que ça n'arrivera pas à ces extrêmes-là, n'est-ce pas ce que les gens qui demandent "et alors, toujours toute seule ? Et ton copain il est où ?" (toujours très hétéro-centré) "attendent" entre guillements? Si la question revient toujours, c'est sûrement parce qu'une grande partie de la population accorde une importance cruciale au fait d'être en couple. Une obligation pourrait permettre que les gens de la "normalité" ne soient pas "perturbés".
The Lobster met en avant de l'absurdité de vouloir tout réglementer y compris les relations humaines ou leur absence. Y compris le pourquoi de deux personnes qui se plaisent. Non pas par amour mais grâce à un caractère commun: on boîte, notre nez pisse du sang, tu es violent comme moi, ahh mais alors ! Soyons conjoints ! Rien n'est romantique. La liberté n'existe pas. Je pense qu'ils doivent s'ennuyer à mourir.
Mon bilan: c'est bizarre, ça ne fait pas rêver, ça critique la société qui veut s'immiscer dans la sphère privée, on ne s'attache même pas aux personnages. Mais la musique crée des atmosphères décalées, c'est-à-dire que la musique est souvent dramatique pour une scène qui ne l'est pas ou légère pour une scène dramatique. Tout est lent. Même les courses poursuites. Un bel usage des ralentis. Et si on ne s'attache pas aux personnages, c'est peut-être parce qu'eux-mêmes n'ont jamais appris à vraiment s'attacher à des personnes, disons sans "utilité" ou "intérêt. Car dans un monde où être en couple permet de rester en vie, comment l'amour ou l'amitié ne pourrait être autre qu'intéressé ?
Il n'y a pas d'autres options que de vivre en couple dans la société "légale" ou de vivre seul dans la société "illégale". 1. L'amour utile, pour ne pas clapser. 2. L'amour absent, pour ne pas clapser. 3. Absence d'autres options. Vive la liberté.