The Lobster ou "Homard" du nom de l'animal que David aimerait devenir en cas d'échec du programme de réinsertion amoureuse pensé par une société quelque peu obnubilée par le couple.
Projet un peu loufoque signé d'un grec, Lanthimos, que la crise n'a pas sacrifié même si on sent un petit dérangement neurologique dans ce scénario imaginatif, puissant, critique et forcément clivant (enfin....qui aurait du l'être).
S'il ne fallait retenir qu'une chose de The Lobster ce serait la performance en tout point parfaite de Colin Farrell, qui malgré un talent indéniable (Bons baisers de Bruges, True Detective...) n'est jamais dans les bons coups (Alexandre, etc...). Il joue parfaitement le rôle du gars moyen qui ne comprend pas trop ce qui lui arrive mais qui va tout faire pour s'en sortir...jusqu'à ce que le chien meurt. A l'image d'un John Wick des grands jours, la mort du chien c'est trop ! Viva la révolucion !
Léa Seydoux donne plutôt bien le change dans le rôle d'une dictatrice solitaire froide et antipathique au possible, ce rôle était pour elle, elle l'interprète à merveille. Le reste du casting (Rachel Weisz, Jessica Barden, Olivia Colman, etc.) rentre aussi parfaitement dans l'effet voulu : des personnages "monsieur tout le monde" tentant de vivre dans des sociétés quelques peu "décalées" voir "extrémistes" dans leur vision de la vie (et de l'amour).
Cela nous amène alors au film en lui même. Construit en deux parties The Lobster livre une première partie, qui, je dirais, est en tout point excellente. Dans son contenu, son ton, sa maitrise et son humour (absurde au possible), cette partie en forme de critique de la valorisation (outrancière) du couple est remarquable. L'image est clinique et d'une froideur limite oppressante. Elle respire l'intelligence de bout en bout en collectionnant les scènes ubuesques, absurdes comme les reconstitutions célibataires/en couple ou encore le suicide et beaucoup d'autres.
Sans cesse surprenant, The Lobster donne à son spectateur des pistes, du grain à moudre sans jamais faire ce qu'on attend de lui.
Dommages alors que ce chien soit mort, car la deuxième partie de The Lobster, celle représentant l'inverse totale de la première est un peu plus bordélique, trop attendue finalement. Le travail sur cette société solitariste est beaucoup moins fin. Les traits sont plus grossiers, plus bordéliques et moins absurdes. Le message n'est pourtant pas moins intéressant mais il est moins puissant. Sans pour autant devenir un boulet pour le film, cette seconde partie traîne par moment en longueur malgré des moments d'une belle maitrise comme l'échange entre David et la Myope.
Mais il reste difficile de dire du mal de The Lobster, le projet et l'idée sont orignaux et formidablement inventifs, la réalisation rendant tout cela riche et forcément bon.
Finalement ce que je regrette beaucoup c'est ce trop de plein de beaucoup de choses : que fait-on de The Lobster ? Oui, chacun pourra se faire sa propre interprétation mais à la fin (en témoigne la difficile discussion après la séance) on se sent un peu con sur son siège. The Lobster propose énormément de choses, développe de belles critiques mais il manque ce petit point, peut-être une forme de...de je ne sais pas trop...donnant une vraie saveur à l'ensemble, à l’œuvre singulière qu'est The Lobster.
Car, malgré un postulat critique et créatif, tout cela manque un peu de couilles finalement ! (si je puis me permettre une telle injure langagière)
A la fois film d'amour profondément critique (chacun y trouvera sa critique), film social, film d'anticipation et terriblement créatif, The Lobster est à proprement parlé : Unique. Seul un aveugle ne verrait pas le travail magnifique fait par toute cette équipe. Une nouvelle fois la Cinexpérience réussit son pari de découverte et de surprises. The Lobster est un bel objet, difficile à ne pas aimer (et c'est d'ailleurs cela que je lui reproche le plus finalement !) malgré sa singularité bienvenue.
PS : Il se casse à la fin