Un film long, lent et bucolique sur l'amour et ses dérives sociologiques. Un essai de style voué à conquérir le public de Cannes autour de la liberté et du couple. Un pamphlet du communautarisme moderne qui s'insinue jusque dans notre vie la plus privée : nos choix amoureux.


On suit un Homme récemment largué par sa femme après 12 ans de bons et loyaux services de concubinage. Il est accompagné de son frère, métamorphosé en chien après avoir échoué à trouver chaussure à son pied. L'absurde s'immisce avec brio dans le scénario, et ce dès le premier plan séquence, pour ne plus quitter le film jusqu'à sa conclusion.


Yorgos Lanthimos nous dépeint une société de contrôle et de règles, presque mécanique. La réalisation et la photo grisonnante soulignent ce manque de magie véritable. Ce monde là ne nous fait pas rêver, à des millions de lieues de nos classiques histoires de princesses et de princes. Et pourtant, c'est le nôtre qui est dépeint, avec cette sublime métaphore de l'amour et de son imagerie sociale.


Dans la première partie, nous subissons comme Colin Farrel et son gros bide cette valse ininterrompue de flirts provoqués, encadrés, sans saveur. Si le ton du film et l'humour noir prononcé, parfois glauque (cf la malheureuse dame aux gâteaux) arrache au spectateur de francs fou-rires, le héros quitte ce premier cercle pour retrouver les "solitaires", sorte de bande anti conformiste cachés dans la forêt. La seconde partie perd alors en saveur ce qu'elle gagne en propos, s'éternisant dans des longueurs indigestes. Car il s'agit bien d'une fuite en avant. On comprend bien que nulle part notre héros ne pourra bouleverser l'ordre établi, dans lequel sa liberté se retrouve toujours brimée.


J'ai aimé l'idée, la réalisation, moins le film lui même qui m'a paru long, et a perdu en saveur au fur et à mesure que le second acte passait. Il se retrouve sauvé par la scène finale, jeu de mot parfait offert au spectateur et dernier retour sur terre : si l'amour rend aveugle, pourquoi ne pas tout simplement le supprimer, l'encadrer, y mettre de la logique, vivre et mourir sans l'avoir vécu ?

Jb_tolsa
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2015

Créée

le 8 nov. 2015

Critique lue 259 fois

3 j'aime

Jb_tolsa

Écrit par

Critique lue 259 fois

3

D'autres avis sur The Lobster

The Lobster
Sergent_Pepper
6

Société profasciste des animaux.

The Lobster fait partie de ces films qui font les frissons de l’annonce de la sélection, quelques mois avant le festival de Cannes : un pitch singulier, un casting de rêve prêt à se compromettre, et...

le 26 nov. 2015

161 j'aime

16

The Lobster
pphf
4

Homard m'a tuer

Prometteur prologue en plan séquence – avec femme, montagnes, route, voiture à l’arrêt, bruine, pré avec ânes, balai d’essuie-glaces, pare-brise et arme à feu. Puis le passage au noir, un titre...

Par

le 31 oct. 2015

143 j'aime

33

The Lobster
JimBo_Lebowski
5

Lapin mécanique

Je partais avec un sentiment assez contrasté avant de voir ce Lobster, à l’image de mon expérience de deux autres films de Lanthimos, enthousiasmé par Canine et rebuté par Alps, le cinéaste grec...

le 30 janv. 2016

115 j'aime

9

Du même critique

The Acolyte
Jb_tolsa
2

Star Wars a été acheté par le côté obscur

Critique évolutive au fil des épisodes, mais trois points ne changeront pas :- Disney a payé des bots pour mettre des avis positifs, même sur senscritique. C'est suffisamment affreux pour être dit :...

le 13 juin 2024

66 j'aime

50

Benedetta
Jb_tolsa
4

Tétouffira

C'est Brigitte. Elle est vive d'esprit, et au moyen âge, les filles vives d'esprit finissent violées ou au bûcher. Habile, son père la sauve de ce destin tragique et la place dans un couvent contre...

le 7 janv. 2023

57 j'aime

30

Les Banshees d'Inisherin
Jb_tolsa
5

L'âne de la colère

Si j'ai été convaincu par les précédents films de Martin McDonagh (surtout par ses 7 psychopathes), je lance sa dernière production grâce au bouche à oreille, sa note excessive sur senscritique et ce...

le 22 déc. 2022

49 j'aime

28