The Lobster présente un univers dystopique où la mise en couple est une obligation : les célibataires ont 45 jours pour trouver l'âme sœur, sinon ils se font destituer de leur statut d'êtres humains (càd : sont changés en l'animal de leur choix). C'est dans ce contexte que Colin Farrel succède à Joaquin Phoenix dans le rôle du quadra-quinqua moustachu cherchant l'amour. Un contexte qui enlève toute spontanéité aux relations basées sur des étiquettes (peu de personnages ont un prénom), dans laquelle les normes de notre société sont exposées et officialisées dans toute leur absurdité.
Le film est doté d'un humour cynique et pince-sans-rire efficace, pas dans le sens où c'est drôle mais dans le sens où ça véhicule bien le propos du réalisateur. Certaines situations paraissent toutefois un peu trop lourdes, comme si le réalisateur voulait trop appuyer son message. Il faut aussi se faire à une situation déstabilisante : il n'y a pas que la politique fictive du film qui est différente de la notre, il y a aussi la mentalité des personnage qui contient sa particularité. Cela fait écho à nos propres critères de sélection d'un partenaire, mais c'est ici tellement poussé que cela peut laisser le spectateur dans l'incompréhension. Pourquoi ces personnages ont-ils un tel blocage mental ? Il faudra se contenter de l'accepter, ce qui ne sera pas simple pour tout le monde.
Le film se montre assez rafraîchissant dans sa démarche qui consiste à dénoncer l'hypocrisie d'une société qui veut imposer le bonheur de ses citoyens. Sa réalisation est soignée, bien qu'on reste encore dans un univers assez peu coloré. Ce qui me dérange un peu, c'est la 2e moitié qui vire à quelque chose de beaucoup plus conventionnel. Une histoire d'amour attendue (il n'y a qu'à voir l'affiche pour savoir qu'il y en aura une) dans un environnement qui perd beaucoup de son originalité initiale. C'est assez dommage, j'appréciais beaucoup cette première partie. On se concentre tout de même sur une particularité des personnages qui est intéressante, mais un peu trop exagérée à mon goût. Cela en réduit l'impact car on a plus de mal à se mettre dans la peau des personnages.
The Lobster est un film qui tombe à pic. Sa réalisation est assez intéressante (attention aux allergiques à la voix-off) et j'apprécie sa démarche. On passe un bon moment la plupart du temps et on en sort satisfait de voir que l'on n'est pas seul à trouver pesant ce rejet du célibat.