Ray,un jeune bien fracassé,tue gratuitement deux campeuses dans un bois,juste pour voir ce que ça fait.La police sait qu'il est coupable mais,faute de preuves,ne peut l'arrêter.Cependant,le flic chargé de l'enquête traque l'assassin et lui met la pression en permanence,ce qui finira par faire disjoncter un Ray déjà très instable et provoquera un bain de sang.Bonne surprise que ce petit film fauché.Le réalisateur Chris Sivertson,qui a également écrit le scénario et assuré le montage,prouve ici qu'on peut accomplir de l'excellent travail avec peu de moyens."The lost" est l'adaptation d'un roman de Jack Ketchum,mais Sivertson a fait le choix d'un traitement de style documentaire,avec des décors naturels,des plans rapprochés,une représentation fort crédible de la violence et l'emploi de jeunes acteurs inconnus mais tous épatants.Cette plongée dans la psyché perturbée d'un serial killer précoce,portée par une bande-son dynamique, est tendue en permanence et ne laisse guère de répit au spectateur.Les personnages secondaires sont en outre habilement dépeints et ont tous des failles qui les rendent très convaincants.Il y a Tim et Jennifer,le meilleur ami et la copine de Ray,complices malgré eux de son crime et soumis à son emprise.Le flic,lui,est presque aussi taré que sa proie,dans un autre genre,et ses manoeuvres entraîneront une catastrophe.Son ex collègue,lui,a du mal à assumer sa liaison avec une étudiante de vingt ans,tandis que la belle Katherine,fille de bonne famille traumatisée,entame une relation avec Ray car elle est fascinée par ses crimes,qu'il lui a avoués,avant de le rejeter alors qu'il est amoureux d'elle,ce qui ne va pas arranger l'état mental du gars.Et il y a le "héros",ce jeune homme à moitié dingue,qui a tout de la grenade dégoupillée.On sait qu'il va exploser,que l'histoire nous emmène vers ça,mais on ignore quand et dans quelles conditions.Ce portrait d'un assassin excité est d'une cruelle précision.Plutôt qu'un monstre diabolique,Sivertson nous montre un pauvre type qui n'a trouvé que la violence pour exorciser ses complexes.Ray a foiré ses études et doit se contenter de travailler dans le motel tenu par sa mère.Il n'a pas de père et on ne saura rien à ce sujet.Sa libido trouble sent l'homosexualité refoulée et son narcissisme délirant n'est qu'un palliatif à ses doutes et ses insuffisances.Comme pour beaucoup de tueurs en série,ses meurtres ne font qu'extérioriser sa haine de lui-même et sa rage de ne pas être quelqu'un d'autre.Ce qui le fait bander,c'est le pouvoir qu'il peut avoir sur autrui,et il n'est capable de l'obtenir que par la violence.Le film n'est toutefois pas exempt de défauts.Les effets de mise en scène de Sivertson sont parfois assez cheap,comme dans ces scènes,principalement des flashbacks,dans lesquelles il se complait à nous fourguer des images accélérées et floutées,aux couleurs altérées.Quant à la fin,elle est singulièrement abrupte et nous laisse dans l'expectative.Qui meurt?Qui survit?Que devient Ray?Autre problème,l'âge des comédiens,tous trop vieux pour leurs rôles,les "ados" notamment.L'acteur vedette,Marc Senter,parait bien âgé pour jouer Ray.Idem en ce qui concerne Shay Astar,25 ans à l'époque,et Robin Sydney,22 ans.Ed Lauter est censé avoir 60 ans,ce qui est déjà pas mal pour se taper une jeunette,mais il en avait en réalité 68,ce qui se voit un peu.Par contre,le réalisateur,fait rare dans le cinéma américain,y va franco dans la nudité et les scènes de sexe explicites,ce qui est très agréable compte tenu du physique intéressant des actrices.Senter est prodigieux dans le rôle principal et incarne à merveille les nuances de la folie furieuse de son personnage.D'un casting relevé émerge également la divine Robin Sydney,aussi belle que bonne actrice.Et c'est toujours un plaisir de voir à l'écran de vieilles gloires telles qu'Ed Lauter,un des plus formidables acteurs de complément hollywoodiens depuis les années 70,et Dee Wallace Stone,la mère de famille dans "E.T.".