Projet de grande envergure dont James Gray rêvait depuis longtemps, « The Lost City of Z » a enfin fini par voir le jour, et il aurait en effet été dommage de s'en passer. Alors autant vous prévenir : ça reste un film de James Gray, ne vous attendez donc pas à une œuvre trépidante avec scènes d'action dantesques et suspense à couper le souffle, le tout assorti de découvertes incroyables, et ce quand bien même le héros aurait inspiré le personnage d'Indiana Jones. En revanche, si vous souhaitez voir une œuvre très bien réalisée, profonde, prenant soin de ses personnages en établissant des relations complexes entre eux, tout en donnant une grande part à l'humain dans ce qu'il a à la fois de plus beau et de plus fou, alors vous devriez être comblés à pas mal d'égards.


Le cinéaste sonde l'âme humaine, son obsession parfois irréelle, ses rêves de grandeur, ses rêves tout courts... Sous ses airs de classicisme quasiment à l'ancienne, Gray trace un chemin assez personnel, où l'on retrouve beaucoup de thèmes de ses œuvres précédentes, sans que celui-ci ignore un minimum la dimension spectaculaire d'une telle aventure, celui-ci exploitant les décors avec un mélange d'intimisme et de « grandiose » d'un bel effet, les allers-retours entre Angleterre et Amazonie, peut-être un peu frustrants parfois, mettant par ailleurs bien en lumière l'abnégation incroyable du héros pour retourner à chaque fois vers cette Terre qui l'indifférait presque totalement au départ.


Et puis il n'y a pas à dire : bien qu'il soit loin ici de son New York natal, l'implication du réalisateur se transcrit quasiment à chaque instant, même lorsqu'il se dirige parfois vers un mysticisme étrange, mais en définitive totalement en phase avec la vision de son héros, et donnant à l'œuvre une force encore plus grande, sur le fond comme la forme. Ça n'est sans doute pas un film « grand public » comme on peut l'entendre habituellement, mais c'est un film d'une belle ampleur, puissant et complexe, à la fois historique et très moderne dans sa vision des êtres humains : de quoi en déconcerter quelques-uns, mais probablement séduire les amateurs de beau cinéma.

Caine78
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le 3 mai 2018

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