‘The lost daughter’ est le premier film réalisé par l’actrice Maggie Gyllenhaal, adapté du roman ‘Poupée volée’ d’Elena Ferrante. Une femme, alors qu'elle est en vacances d'été sur une île grecque, se retrouve obsédée par une autre femme et sa fille, provoquant des souvenirs de sa propre maternité précoce à revenir et à la révéler. Beau sujet sur le papier, mais que l’actrice-réalisatrice peine à transcender et à rendre vibrant. Le film est donc en demi-teinte et n’est pas le film réflexif ou le mélodrame que l’on attendait, et ce, malgré l’interprétation sensible d’Olivia Colman.
Tout n’est pas raté pour autant. Olivia Colman livre une performance étonnante et se donne corps et âme. L’actrice britannique a cela de particulier d’avoir un jeu étrange, hors des normes, et unique. Elle sait apporter de l’étrangeté et de la fantaisie à son personnage. Le film est également assez bien construit. Je ne suis pas forcément fan des flashbacks, car j’ai tendance à penser qu’ils empèsent les films et coupent l’action en cours. Mais ici, ils s’insèrent progressivement et très bien dans le récit et participent à la progression dramatique en nous révélant l’histoire du personnage et nous aident à mieux la comprendre. Le personnage se revoit en jeune mère débordée par ses deux enfants turbulents. Elle devra quitter mari et enfants pour s’accomplir. Les retours en arrière doivent également beaucoup au jeu précis de Jessie Buckley, qui interprète le personnage principal jeune.
Le film, sur le papier, évoque un film de Bergman. On y retrouve certaines des thématiques chères au réalisateur suédois : l’isolement sur une île (une île grecque ici, et non l’île de Faros), la quête introspective, le malaise et le mal-être. Malheureusement, le film ne dépasse jamais son sujet et en réalité, tout est assez attendu. La réalisatrice met en scène difficilement les tourments psychologiques du personnage. Le traitement du film est d’ailleurs un peu convenu, par la musique, par le filmage. C’est bien dommage, car l’incommunicabilité, le blocage dans le passé a donné lieu à de vrais chefs-d’œuvre quand on pense aux films d’Antonioni, de Rossellini ou de Bergman déjà cité. Curieusement récompensé à la dernière Mostra de Venise, le scénario n’arrive pas à transmettre autre chose qu’un sentiment de déjà-vu.
Bien que le film ne soit pas honteux, on pense pendant tout le visionnage de ‘The lost daughter’ au film qu’il aurait pu être ou celui que l’on aurait rêvé de voir.