Alors qu'elle passe des vacances en Grèce, une femme assiste à la disparition d'une petite fille. Celle-ci sera très vite retrouvée, mais pas sa poupée, et cela va raviver chez cette professeure de terribles souvenirs concernant sa propre maternité.
Adapté d'un roman d'Elena Ferrante, Maggie Gyllenhaal signe un premier film assez étonnant, peut-être personnel, mais qui parle d'un quasi-tabou qui est qu'une femme ne peut pas être forcément une mère, dans le sens où ça n'est pas inné. Le récit est sur deux temporalités : l'une contemporaine, où Olivia Colman, formidable actrice, rencontre une femme, jouée par Dakota Johnson, qui a beaucoup de mal avec sa fille, et cela fait un parallèle avec ce qu'elle a vécu avec ses deux enfants vingt ans plus tôt. Dans les scènes du passé, où Jessie Buckley incarne une jeune mère avec deux enfants en bas âge, on sent qu'elle les aime profondément, mais qu'elle a besoin de respirer, de se recentrer sur soi, d'autant plus que le mari est en déplacement professionnel. Et que ses filles sont du genre à demander constamment l'attention de leur mère, au point qu'elle en fait des angoisses.
Le chemin qu'elle prendre à ce moment-là est surprenant, enfin pour moi qui ne suis pas une mère ni un père, difficile de la juger, mais on sent qu'elle en a besoin. Ce qui va provoquer une grave crise conjugale, d'une puissance émotionnelle peu commune, et qui montre que Gyllenhaal est une véritable directrice d'acteurs, y compris lorsqu'elle filme son propre mari, Peter Sarsgaard.
On retrouve aussi dans les scènes du présent Ed Harris, mais qui est plus là pour prendre quelques vacances en Grèce parce qu'on sent que son rôle n'est guère développé.
Il en résulte un film assez étonnant, féminin jusqu'aux racines, avec des actrices étonnantes (Dakota Johnson semble prématurément vieillie), et une Olivia Colman qui ne loupera pas une nouvelle nomination aux Oscars ; le cinéma a trouvé une reine autre que dans The Crown.