Pas déplaisant à suivre, du moins pour un premier visionnage, car au vu de la finalité, je crains que le manque d'approfondissement ne nuise à un revisionnage.
Le scénario se joue sur deux intrigues en parallèle, avec le même personnage principal mais à deux époques différentes : quand elle est jeune mère en plein burn out et quand elle est vieille mère aigrie face à des voisins barakis dont la mère semble éprouver les mêmes difficultés qu'elle autrefois.
Ce n'est pas vilain comme rapprochement, mais come souvent dans les films à flashbacks, ben ça casse un peu la dynamique, l'énergie d'une scène quand on la coupe pour aller dans le passé et voir ce qu'il a bien pu s'y passer. Ce n'est pas systématique, certains flashbacks amènent de la respiration juste au bon moment, après une scène plus intense dans le présent. Ce qui est frustrant, c'est que les deux récits souffrent de l'existence de l'autre : on aurait aimé avoir plus de détails sur la vie de jeune femme, tout comme on aurait aimé avoir plus de confrontations avec cette famille de barakis qui chamboule l'existence du personnage principal.
Pire, ça stagne puisque l'auteure ne peut pas se permettre de trop enrichir l'une ou l'autre intrigue, les coupures en deviendrait plus agaçantes encore. Et comme ce qui est passé est passé, on sent la volonté de mettre en avant les relations au présent tandis que le passé sert principalement à comprendre le personnage. Sauf que ce n'est pas forcément ce qui sert le mieux l'intrigue. Beaucoup de flashbacks sont répétitifs et n'apportent pas grand chose, que ce soit les nombreuses disputes, les agacements de la jeune mère ou son occasion de trouver un autre homme. Ce qui est intéressant par rapport à son personnage, c'est ce qu'on apprend à la toute fin, mais comme c'est à la fin qu'on apprend ça, ça ne laisse pas beaucoup de scènes pour vraiment exploiter cette donnée importante. C'est donc un élément narratif gâché. Et enfin, le plus désolant, c'est de ne pas voir ce moment où elle retrouve sa famille après trois ans d'absence, alors que ce devait être un moment tout de même assez marquant dans sa vie, tout autant que le jour où elle a décidé de tous les abandonner.
Les conflits avec la famille baraki sont intéressants, leurs relations sont ambiguës et intéressantes. Mais ça ne va pas assez loin, il aurait peut-être fallu mieux creuser les liens entre personnages secondaires. Le fait qu'elle garde ses distances est plutôt bien trouvé, car ça permet au personnage de se complaire dans ses préjugés mais aussi de mieux projeter sa propre existence sur celle des autres.
Le final est mauvais. Une telle conclusion, après ce climax, c'est facile et même idiot. C'est un truc narratif récurrent, ça peut marcher dans certains films, mais là c'est juste trop simple, la réaction est trop spontanée ; ça ne prend pas, ça nie toute l'existence du personnage principal et donc tout ce que l'on vient de regarder. C'est dommage.
De bonnes choses, il y en a. Comme cette séquence où elle tient tête à cette famille, en début de film, mais aussi le moment où elle retrouve et ramène la gamine. Toutes les scènes liées à la poupée sont jouissives, celle dans le cinéma aussi (avec l'intervention du chef de famille). Il y a vraiment de belles choses dans ce film. Et l'histoire de cette femme, dans son passé, aurait mérité un film à lui tout seul, avec moins de misérabilisme bien sûr (heureusement que les scènes dans le présent sont plus axées sur des conflits externes).
La mise en scène est bonne : pour un premier film, on peut dire que Maggie se débrouille très bien ; elle opte pour une caméra épaule qui bouge un peu trop mais ça passe (c'est un peu passé de mode sauf dans les films sociaux britanniques et belges - et encore ils se sont calmés - mais ça marche quand même). La photographie est plaisante sans jamais être maniérée. Le découpage est pertinent, le montage bien rythmé (le film passe comme une crème dans l'anus, c'est doux et onctueux). Les acteurs sont tous très bons. Et la BO se laisse écouter discrètement.
Bref, dommage pour le récit pas très bien structuré et cette fin qui fait pensé à un slip tâché, mais pour le reste, on trouve du bon.