Stanley Ipkiss,employé de banque transparent et solitaire malgré lui,trouve par hasard un masque magique qui transforme totalement celui qui le porte et le change en un être démoniaque aux pouvoirs surnaturels,ce qui va entraîner le pauvre gars dans des aventures extravagantes.Charles Russell,dit Chuck,signait ici son troisième film après avoir fait ses premières armes dans la resucée de succès de l'Horreur avec un "Freddy" numéro trois et un remake du "Blob",et atteignait là le statut de réalisateur bankable grâce au carton du film,mais ça ne durera pas très longtemps pour lui.Il bénéficie d'un bon alignement de planètes avec une performance extravagante d'un acteur en vogue nommé Jim Carrey et la révélation d'une bombasse blonde issue du mannequinat qui allait faire carrière,une certaine Cameron Diaz.Tout ceci au service d'une histoire abracadabrante relevant d'un fantastique échevelé qui mêle sans aucun souci de réalisme comédie et polar.Russell filme bien,le rythme est soutenu,les effets spéciaux au top et l'interprétation solide.Sur le fond se dessinent deux niveaux de lecture qui fonctionnent aussi bien l'un que l'autre.On peut voir ça au premier degré et ça marche très bien.Histoire simple,personnages archétypaux et grand spectacle déchaîné,du pur entertainment sans prise de tête.Il est également possible de déceler quelque chose de plus profond,dans le genre "revanche du loser".Stanley est le mec gentil et effacé,celui que personne ne voit et qu'on piétine sans même s'en rendre compte.Mais voilà qu'il a l'occasion de concrétiser ses fantasmes inavoués et d'accéder à tout ce que les hommes ambitionnent d'avoir,l'argent,les vêtements chics,les belles bagnoles et surtout la fille magnifique,son objectif principal.En prime il a aussi droit à la considération générale qu'on ne lui témoignait pas auparavant,il en vient même à inspirer admiration,crainte et respect.Si on veut aller plus loin on pourrait même imaginer que le masque n'existe pas,qu'il n'est qu'une projection d'un esprit rendu schizophrène par la frustration et le refoulement.Carrey livre une grande performance en faisant la balance entre quidam grisâtre et démon extraverti aux grimaces déjantées.La belle Cameron est incandescente et colle idéalement à ce personnage de pépée du gangster moins vénale et écervelée qu'il ne semble.Ils sont entourés d'acteurs incarnant excellemment des protagonistes compensant leur manque de profondeur par une forte caractérisation,à l'exemple de Peter Greene,le flic dégénéré qui viole Ving Rhames dans "Pulp fiction", en truand ultraviolent et extrêmement cupide qui,tel Iznogoud,voudrait piquer la place du caïd en poste,de Peter Riegert en flic malin et obstiné et de la jolie Amy Yasbeck en journaliste fouineuse.