Paul Thomas Anderson : He is the Master
Après le chef-d'oeuvre incontestable qu'était There Will Be Blood, c'était avec une certaine impatience que l'on attendait de voir le nouvel effort de Paul Thomas Anderson. Soyons clairs, The Master reste en dessous du western moderne réalisé en 2007 par le réalisateur américain, qu'il était très difficile d'égaler. Mais tout de même quel film ! Malgré un rythme assez lent, qui pourrait déplaire à certains, le film est fascinant, de la première à la dernière minute. On y suit la rencontre dans l'Amérique d'après guerre d'un ancien soldat alcoolique et instable et du fondateur d'un nouveau système religieux sectaire, La Cause, ayant pour adepte toute une communauté.
Le Scénario de Paul Thomas Anderson est bien entendu sans fautes, se concentrant beaucoup sur la relation étrange qui unit les deux hommes, ainsi que sur les pratiques singulières et parfois effrayantes de la secte. Sa réalisation, toujours aussi inspirée, nous offre de très grands moments de cinéma, ce qui est hélas de plus en plus rare de nos jours. L'ambiance musicale, entre chanson des années 50, bande originale aux sons mécaniques et morceaux chantées par les personnages, donne également le ton au film et contribue de façon importante à la fascination que porte le spectateur sur cette oeuvre. Toutefois, ce qui impressionne le plus dans The Master est l'interprétation exceptionnelle de ses deux acteurs principaux, Joaquin Pheonix, que l'on retrouve enfin après la parenthèse I'm still There à son plus haut niveau, tenant certainement là un des plus grands rôles de sa carrière, et Philip Seymour Hoffman, parfait en chef religieux inquiétant et ambigu. Il ne faut pas non plus oublier Amy Adams, étonnante et effrayante dans le rôle de la femme du gourou.
The Master se voit dès à présent comme l'un des plus grands films de cette année 2013, déjà doublement récompensé à la Mostra de Venise, et qui devrait logiquement recevoir des Oscars pour l'interprétation magistrale de ses trois principaux acteurs. Ainsi, avec ce film brillant et fascinant, Paul Thomas Anderson montre qu'il est bien le "Master" du cinéma d'auteur américain actuel.