Le manoir aux alouettes
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le 29 déc. 2020
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Au Festival de Deauville, se murmurait un peu sur toutes les lèvres le nom d'un film qui faisait "presque" l'unanimité : The Nest, mais bien plus pour la simple présence de Jude Law en vedette que pour le film en lui-même (on soupçonne énormément ce casting d'être "un peu" responsable de la gratification du Grand Prix, Prix de la Critique et de la Révélation, tandis que d'autres films le surclassent allègrement en qualité). "Le film avec Jude Law", donc, ne vaut pas grand chose hormis son chef-décorateur qui mérite quelques applaudissements pour la maison bien structurée et à l'ambiance réussie, et Carrie Coon qui éclipse totalement son partenaire (qu'on aime bien d'habitude, mais ici, transparent) avec un jeu crédible et évolutif jusqu'à la dernière minute du film. Dès que l'on sort de ces uniques bons points, l'on tombe sur le scénario décousu, qui ressemble dans ses grandes lignes à Shining : le couple avec enfants qui déménage pour le travail du père dans une maison labyrinthique et où d'étrange phénomènes se déroulent, ayant un impact direct sur les comportements des adultes... Oui, on se croit bien dans Shining, sauf que le film n'en a pas l'ombre du talent, et aime disperser ses pistes surnaturelles pour ne pas les suivre, voire nous laisse en plan avec sa fin qui n'en est pas une (elle ne résout rien). On pense notamment à cette maison dont les phénomènes étranges ne sont pas expliqués (on pense qu'il y a
quelqu'un d'autre dans cette maison, entre les portes ouvertes "toutes seules", les bruits de déplacement, le cheval qui est déterré
... Mais pourquoi faire ? Y avait-il vraiment quelqu'un ? Si oui, que voulait-il ? Si non, que l'on nous explique un peu d'où tout cela peut provenir...) ou d'autres scènes bizarres (le cheval
qui respire alors qu'il est mort
) qui nous placent inconfortablement entre le film qui se veut réaliste et fantastique. On ne comprend rien à l'intention de l'auteur, le contenu n'est pas abouti et la fin se dispense de nous révéler quoi que ce soit (c'est bien facile, comme solution, de ne rien vouloir dire, mais si certains films nous laissent imaginer ce qu'il en était, ici cela ressemble plutôt à un grand "débrouillez-vous" pour justifier absolument tout ce que l'on a vu depuis le début). On se rappellera alors des plans avec des métaphores balourdes (les feuillages des arbres qui forment des nids autour des personnages, le dernier plan où
le père est seul à gauche - sinistra - et la famille unie à droite face à lui
... Quelle finesse, vraiment, cela saute aux yeux comme si nous n'étions pas capables de voir ces images par nous-mêmes...). Au final, on en ressort en ayant apprécié les décors et le personnage de la mère, mais le reste nous a semblé au mieux brouillon, au pire vide. The Nest est un ersatz de Shining, qui casse notre enthousiasme dans l’œuf.
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Créée
le 2 oct. 2020
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