Le manoir aux alouettes
Ce n'est jamais très bon signe, à la fin d'une projection, de se demander quel était donc le sujet du film que l'on vient de voir. The Nest, le deuxième long-métrage de Sean Durkin, évoque les...
le 29 déc. 2020
9 j'aime
⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.
On n’avait pas eu de nouvelles de Sean Durkin depuis son prometteur premier film « Martha, Marcy, May, Marlene » il y a plus de dix ans qui parlait de l’endoctrinement dans les sectes. Ici il s’attèle à un tout autre sujet avec le remake d’un film italien récent narrant la déliquescence d’un couple suite aux ambitions financières démesurées du mari. Situé dans les années 80 à l’aune des golden eighties, « The Nest » est plutôt bon mais il aurait pu l’être encore plus. Le film peut compter avant tout sur son duo d’acteurs vedettes. Un duo de haute volée. Jude Law trouve ici son meilleur rôle depuis longtemps et joue parfaitement l’envie de réussir financièrement et la frustration qui en découle. Quant à Carrie Coon dans son premier grand rôle au cinéma, elle est encore plus impressionnante en épouse aimante puis dépassée par les rêves de son mari. Par de petites expressions et son regard, elle exprime tout le désespoir de son personnage. Ils forment un duo en or qui donne toute sa substance au long-métrage.
La réalisation de Durkin est semblable à un film des années 80. La patine de la photographie est très vintage, voire terne, et colle parfaitement à l’ambiance désirée et à ce que vivent les protagonistes. Une image à la fois délavée et clinquante à l’image de ce manoir immense et vide occupé par cette famille au bord de la crise de nerfs. La tension entre le couple et le drame familial qui se noue de manière pernicieuse au fil des événements sont bien rendus. Elle monte crescendo mais la première partie de « The Nest » qui pose les jalons de cette crise conjugale est un peu longue, donnant l’impression d’un film un peu plat, monotone et tristounet. Les meilleures scènes sont celles où ce couple qui s’aime va se déchirer à cause de leur situation financière. Dans le genre on cependant très loin de l’excellence des « Noces rebelles » de Sam Mendes par exemple. Mais la scène au restaurant ou encore celle de leur dispute dans le manoir permet de cerner le fossé qui existe entre ce à quoi le personnage de Rory (Jude Law) aspire et ce qu’il a vraiment.
Mais, entre une vague critique du capitalisme de ces années-là et ce délabrement du cocon marital, le scénario ne développe pas à fond sa proposition narrative. Et l’explosion attendue n’est clairement pas à la hauteur au point qu’on en vient à se dire « Tout ça pour ça! ». De plus la fin, plutôt positive, dénote fortement avec tout ce qui s’est joué avant. « The Nest » n’a donc pas la puissance émotionnelle désirée – il reste même un film plutôt froid, comme fait de papier glacé – et surtout la dramaturgie en cours n’est vraiment pas exploitée comme elle aurait dû l’être. Le bouquet final n’a pas lieu malgré toutes les balises posées précédemment et on se demande à posteriori ce que l’auteur a voulu nous dire. Pas désagréable au demeurant mais le côté inabouti de la crise conjugale au centre de cette œuvre à l’écrin en or massif déçoit quelque peu en dépit des prestations irréprochables de son couple d’acteurs vedettes.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.
Créée
le 18 sept. 2020
Critique lue 2K fois
5 j'aime
D'autres avis sur The Nest
Ce n'est jamais très bon signe, à la fin d'une projection, de se demander quel était donc le sujet du film que l'on vient de voir. The Nest, le deuxième long-métrage de Sean Durkin, évoque les...
le 29 déc. 2020
9 j'aime
Depuis Martha Marcy May Marlene en 2011, Sean Durkin s’était fait discret. Officiant davantage en qualité de producteur (par exemple sur le magnifique Two gates of sleep), il n’aura mis en scène, en...
Par
le 8 janv. 2021
8 j'aime
Idée séduisante mais développement pauvre. En effet, voir cette famille éclater de la sorte, c'est fascinant, surtout que l'auteur se montre ambigu, crée un climat presque fantastique. Mais ce point...
Par
le 28 déc. 2020
7 j'aime
Du même critique
Le premier épisode était une franchement bonne surprise qui étendait l’univers du sorcier à lunettes avec intelligence et de manière plutôt jubilatoire. Une espèce de grand huit plein de nouveautés,...
Par
le 15 nov. 2018
93 j'aime
10
Si ce n’est une Cate Blanchett au-delà de toute critique et encore une fois impressionnante et monstrueuse de talent - en somme parfaite - c’est peu dire que ce film très attendu et prétendant à de...
Par
le 27 oct. 2022
91 j'aime
12
On se sent toujours un peu bête lorsqu’on fait partie des seuls à ne pas avoir aimé un film jugé à la quasi unanimité excellent voire proche du chef-d’œuvre, et cela par les critiques comme par une...
Par
le 18 oct. 2018
81 j'aime
11