Shane Black m'avait tapé dans l'œil avec Kiss Kiss Bang Bang, et pour qui connaît son CV de scénariste (entre autre L'Arme Fatale), cela tient de l'évidence que le bonhomme tire sa bille pour ce qui est du genre "buddy movie" ; l'aura rafraîchissante et décalée des escapades hilarantes de Downey Jr. et Kilmer semble d'ailleurs faire écho à l'association de Crowe et Gosling, leurs intrigues respectives présentant de sacrées similitudes.
Difficile de passer outre un tel parallèle, The Nice Guys se posant comme un cousin reconnaissable entre tous du sus-cité, mais le cinéaste pennsylvanien m'ayant aisément acquis à sa cause je lui pardonne volontiers cet écueil d'ordre "a priori" ; son dernier scénario en date (featuring Anthony Bagarozzi) m'aura justement donné raison, cette farce délurée reprenant les clés d'une recette décidément gagnante au travers d'un duo d'interprètes, en les circonstances, hautement efficaces.
La comédie policière (promise) est en somme une belle réussite tant son facteur humoristique, si prédominant, nappe à bon escient d'une exquise teneur burlesque un récit savoureux : Holland March plaide en l'état coupable, cette figure paternelle irresponsable enquillant avec une science édifiante les maladresses, tirades alcooliques et autres chutes désopilantes... en dépit de leur sens propre ; dans un autre registre, son comparse bagarreur vaut également le détour, Jackson Healy privilégiant avec panache la castagne au sketch.
Leurs tribulations sont d'autant plus prenantes que leurs interprètes respectifs forment un duo convaincant, dont l'association peu ou prou naturelle va accoucher d'une alchimie palpable ; il faut dire que Gosling et Crowe semble s'en donner à cœur joie, le premier s'éclatant avec facétie dans un rôle de pitre surprenant, et dont la légèreté ambiante se voit compensée par la prestance indéniable du second, parfait en tant que figure de brute (un tant soit peu) subtile.
Pour le reste, l'intrigue menée tambour battant réserve son lot de surprises et autres énergumènes improbables (Blueface), mais ne saurait occulter un fil rouge immodérément tortueux : sans pour autant perdre en limpidité, la composante "enquête" fait souvent mine de partir en tous sens, tandis que l'importance croissante de Holly March s'apparente à un ressort facilitant à l'excès le bon cheminement des festivités (n'en déplaise à sa stature de sidekick attachante).
A la réflexion, le prisme d'une galerie de personnage rayonnants occupe une grande partie des débats, et ce au détriment d'un facteur policier tenant de la toile de fond ; un constat noircissant dans une moindre mesure son équilibre comique/sérieux (davantage efficient dans Kiss Kiss Bang Bang), mais il est indéniable que ses fameux protagonistes compensent et alimentent de façon jouissive le présent tableau.
Empreint d'une atmosphère sentant bon les 70's (retranscription formelle au poil et BO jazzy) parachevant un divertissement on ne peut plus plaisant, The Nice Guys confirme (une énième fois) les excellentes prédispositions de Shane Black pour le buddy movie au moyen d'une panoplie de gags percutants à souhait... base d'une ambiance impertinente dont les éminents March/Gosling et Healy/Crowe sont les dignes émissaires.