Shane Black a eu deux vies a Hollywood la première celle d’un scénariste wunderkind dont les studios s’arrachaient les scripts à prix d’or qui ont redéfini les lois du cinéma d’action dans les années 80/90 (qu’il prit un main plaisir à déconstruire déconstruire avec sa ré-écriture de Last Action Hero). Puis une longue traversée du désert (bien arrosée malgré tout) jusqu’à un retour par la mise en scène en 2005 avec Kiss Kiss Bang Bang ou il fait jouer un autre maudit d’Hollywood (a l’époque)Robert Downey Jr. En signe de gratitude ce même RDJ lui confiera les commandes du mastodonte Iron Man 3, un milliard de dollars et des poussières de recette plus tard Black a de nouveau les mains libres pour tourner un projet personnel ou il retrouve le producteur qui l’a lancé (et produit aussi KKBB) Joel Silver (Matrix, Die Hard Predator).


The Nice Guys s’inscrit dans la veine du roman noir hardboiled et de la littérature de gare (Ross Mc Donald en particulier) cette fiction pulp qu’il a toujours vénéré, avec bien sur inévitablement chez le pape du buddy-movie un duo à la fois familier et original: Holland March (Gosling) détective un peu alcoolisé et beaucoup loser depuis la mort de son épouse (motif récurrent chez Black) et la brute Jackson Healy (Russel Crowe) le genre d’hommes de main que vous payez quand un garçon s’intéresse de trop près a votre fille mineure. La encore cette figure du « bruiser » est un classique de la série noire que Russel Crowe, qui brutalise ses victimes avec un détachement très professionnel, incarne avec bonhomie. C’est parce qu’une jeune fille du nom d’Amelia (Margaret Qualley) engage Healy pour convaincre March , en lui brisant le poignet, de cesser de la suivre que les deux hommes se rencontrent et finissent par faire équipe pour tente de retrouver cette même Amelia menacée depuis qu’elle a tournée un film « expérimental » (porno) avec son petit ami.
The Nice Guys semble être une relecture de The Last Boy Scout son précédent hommage aux histoires de privé hardboiled que l’association Tony Scott / Joel Silver avait tiré à l’époque vers le film d’action vu a travers le prisme comique de Kiss Kiss Bang Bang.
Du premier on retrouve la conspiration d’une industrie américaine, des hommes de main aux propositions capillaires audacieuse et un privé et sa fille plus mure que lui – la découverte Angourie Rice au naturel déconcertant qui prouve après Iron Man 3 (d’ailleurs Ty Simpkins y fait une apparition hilarante) qu’étonnamment Black est un des meilleurs directeurs d’enfants-acteur.


Du second il partage une approche comique du genre qu’il pousse très loin mais sans jamais perdre l’intensité du thriller. Pour la première fois chez lui la comédie ne vient pas uniquement de ses dialogues et punchlines (toujours aussi percutants) mais de gags visuels et d’un burlesque « physique »qui tirent le film vers le slapstick grâce a la performance de Ryan Gosling. Le jeu de l’acteur canadien (qui comme Brad Pitt est un « character actor » prisonier d’un corps de sex-symbol) évoque tantôt le Peter Sellers des Pink Panther quand il maintient un aspect faussement assuré alors qu’il est complètement paumé ou le Pierre Richard des films de Veber (que Black confesse adorer dans une récente interview) comme dans cette scène ou surpris aux toilettes il tente tout à la fois de pointer son arme, tout en maintenant la porte ouverte du talon et en protégeant sa virilité à l’aide d’un magazine.
Crowe est certes le clown blanc de cet attelage mais pour la première fois chez Black le duo se partage les aspects a la fois hyper-compétents et totalement stupides. L’entente entre les deux comédiens est parfaite et donne au film tout son rythme. Le reste du casting est tout aussi excellent que ce soit la jeune Margaret Qualley (fille d’Andie Mc Dowell vue dans The Leftovers) apparition hystérique aux pieds nus, Matt Bomer en tueur ou cette vielle baderne de Keith David en homme de main


Mais The Nice Guys bénéficie sans conteste de l’expérience de son auteur chez Marvel Studios qui en a fait un vrai réalisateur pop, sa mise en scène toute en maîtrise mixe comédie, intrigue et action avec l’aisance d’un barman de grand hôtel. Le film se déroule dans un Los Angeles des années 70 fantasmé par Black une ville plongée dans le smog envahie par le porno et le disco, sublimée par la magnifique photo de Philippe Rousselot.


Conclusion : Avec TheNice Guys , hybride improbable de slapstick et de film noir hardboiled servi par un brillant tandem Russell Crowe-Ryan Gosling, Shane Black distille l’essence de son cinéma en ce renouvelant toujours. Virtuose. Black est définitivement back.

PatriceSteibel
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le 17 mai 2016

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PatriceSteibel

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