Si je devais résumer ce film en une phrase, je dirais : "C'est esthétiquement absolument sublime, mais c'est d'un creux assez vain."


J'étais pourtant assez enthousiaste en abordant ce film, notamment parce que la thématique du viking, ou plus exactement la culture des peuples scandinaves aux tournant du premier millénaire me passionne, hélas déjà sur ce point le film multiplie les clichés et les biais de points de vus auxquels on a le droit dans toutes les représentations populaires, mais à y repenser j'aurais dû m'en douter.


Ce sont des peuples, animistes et près de la nature, alors il y a des scènes de sexe dans la forêt et des sorciers et autres mages à qui on a foutu des attributs et des symboles issus de cette nature. C'est un peuple réputé guerrier et querelleur, alors même meurs jeux sont violents et il en va de même tout au long du film, un truc à rendre hystérique n'importe quel historien spécialiste de la question. Vous me direz qu'un film n'a pas pour vocation à être un précis historique mais à être une œuvre d'art qui reflète la vision d'un cinéaste et vous aurez raison, mais quand le film et donc son cinéaste n'a aucune vision, aucun point de vue alors il devient compliqué de ne pas chercher à au moins y voir des éléments didactiques qui nous ouvriraient à une culture dont la richesse étonne encore les historiens et archéologues qui y travaillent.


J'ai passé tout le film à m'extasier sur son esthétique, il faut le dire, sur un plan formel ce film est magnifique, chaque plan est d'une beauté plastique hallucinante, chaque cadrage est à couper le souffle, les corps des acteurs sont non seulement filmés pour les rendre d'une beauté presque irréelle mais aussi de façon à venir questionner vos certitudes quant à vos orientations sexuelles, la colorimétrie et l'étalonnage sont magnifiques et ce n'est que succession d'ébahissement, de subjugation, un trésor pour les yeux et les sens.


Néanmoins j'ai aussi passé le film à me demander quel intérêt narratif, quel propos tout cela servait ? Une histoire de vengeance ? D'accord, mais ça on le sait en lisant le synopsis et c'est établi dès les premières minutes. Suivre le héros dans sa quête et le voir construire son but ultime ? C'est expédié en deux scènes encore une fois à l'esthétique sidérante, mais qui ne parviennent même plus à masquer le vide de l'action, et quand je parle de vide, je le dis au sens d'un apport au récit, parce que oui le film ne manque pas d'action, de scènes de combats, de violence graphique, de danses tribales etc. mais tout est là pour aguicher rien pour narrer.


C'est un film vide, qui réussit l'exploit malgré toute l'attention portée à son enveloppe à être profondément ennuyeux. Il faut le faire !


Sans spolier pour ceux qui voudraient malgré tout tenter l'expérience, le seul moment qui m'a fait lever un sourcil est une révélation faite au héros au dernier tiers du film par un personnage dont la nature change alors du tout au tout.


Je n'ai pas autant détesté cette proposition "Viking" que Le Guerrier silencieux (2010) qui lui en plus d'être vain et sans intérêt puait la prétention de son réalisateur - oui je déteste et le cinéma et la personne de Nicolas WINDING REFN - n'était même pas beau, là je ne ressens pas de la part de Robert EGGERS un soupçon de prétention, j'y vois même un sorte d'honnêteté presque candide et une véritable envie et passion à traiter son sujet mais pour un résultat me semble-t-il en deçà du minimum attendu pour en faire autre chose qu'un objet juste esthétique mais un véritable film aux enjeux et points d'accroche clairement établis.

Spectateur-Lambda
4

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2022 et Les meilleurs films avec Willem Dafoe

Créée

le 1 nov. 2022

Critique lue 11 fois

Critique lue 11 fois

D'autres avis sur The Northman

The Northman
Sergent_Pepper
4

Primal team

Alors qu’il s’était fait connaître dans le registre modeste du film de genre (The Witch) et du huis clos perché (The Lighthouse), Robert Eggers passe avec The Northman dans la cour des grands : un...

le 12 mai 2022

99 j'aime

5

The Northman
Moizi
2

On garde deux trois décors, la musique et on brûle le reste

Bon je crois que le cinéma de Robert Eggers c'est vraiment pas pour moi, c'est long, c'est mou, c'est pompeux, ça se prend au sérieux alors que c'est totalement con et surtout c'est poseur. Disons...

le 14 mai 2022

80 j'aime

16

The Northman
Behind_the_Mask
9

De bruit et de fureur

Les tambours de guerre résonnent. Et épousent le rythme du sang qui bat dans mes tempes. Frénétique.Les corps, eux, se désarticulent dans une danse éperdue, autour du feu qui embrase la nuit.Et...

le 11 mai 2022

60 j'aime

8

Du même critique

Elephant Man
Spectateur-Lambda
9

Critique de Elephant Man par Spectateur-Lambda

Alors que jusqu'ici David LYNCH n'avait réalisé que quelques courts métrages expérimentaux et un premier long métrage Eraserhead (1976) qui le classaient parmi l'avant garde artistique et lui...

le 3 oct. 2022

9 j'aime

5

Au boulot !
Spectateur-Lambda
6

Vu en avant première

On va tout de suite évacuer un truc, je suis une indécrottable gauchiasse et plus je vois l'état de notre société, plus j'affirme ma position politique et plus je trouve la droite dangereuse et...

le 5 nov. 2024

8 j'aime

1

La Mouche
Spectateur-Lambda
8

Critique de La Mouche par Spectateur-Lambda

Retrouver la société de production de Mel BROOKS au générique de ce film n'est pas si étonnant quand on se souvient que le roi de la parodie américain avait déjà produit Elephant Man (1980).Un autre...

le 3 oct. 2022

7 j'aime

4