Sacré Redford : aussi englué de la caméra, que jadis ce vieux braqueur de banques aux coffres-forts !
Les deux vivraient-ils moins bien sans leur dose d'angoisse ? Le second a du souci à se faire car désormais, les sommes détenues en liquide par les banques sont devenues de moins en moins importantes, et de mieux en mieux protégées.
Voici donc les aventures de Forrest Tucker, tirées d'une histoire réelle, qui passa son temps à s'évader de prison pour avoir le plaisir d'y retourner et retenter la belle. Comme les Dalton. Le tout accommodé à la sauce (bien fade) David Lovery pour le grand écran...
Je comprends ceux qui n'ont guère apprécié ce film : à tout prendre j'aime moi aussi encore mieux le "Ma Dalton", une des aventures de la BD Lucky Luke où la maman des Dalton braque épicier et laitier pour payer ses emplettes. Là au-moins il y a de l'humour, ce qui fait cruellement défaut à cette histoire américaine.
Le récit est tout ce qu'il y a de plus plat, manque d'imagination et contrairement à l'habitude américaine consistant à vendre la pellicule au kilo, sa durée est désespérément courte.
Ca sent le manque d'imagination, et le réalisateur qui est aussi coupable du scénario ne s'est guère torturé les méninges. C'est le cas malheureusement de beaucoup de "cumulards" de l'espèce.
Seul fait saillant, on admirera le fait que le gigantisme US fasse sortir un régiment motorisé complet de flics pour arrêter un mec de 78 balais n'ayant jamais, de surcroît, ni blessé ni tué personne. Avec en plus une courtoisie exemplaire et un sourire apaisant! Rien de bien spécial non plus dans les décors, la distribution ni dans l'accompagnement musical de Daniel Hart qui (décidément) ne s'est pas foulé non plus. Par moments, hélas trop nombreux, elle déferle comme un tsunami au point de nous agacer et faire passer au second plan l'image.
Les producteurs américains croyaient d'ailleurs si peu au succès de leur film qu'ils ne l'ont pratiquement pas distribué en salles outre-Atlantique. Édifiant. Et il n'a pas dû coûter bien cher à produire... Ceci expliquant peut-être cela ? Et pourtant...
Alors d'où vient cette notation plutôt bienveillante ?
C'est que Robert Redford a su donner vie à cette histoire plan-plan qui, sans son immense talent, eut semblé incroyable ou pénible à supporter. Le comédien n'enfile pas le costume du vieux truand : il lui donne vie réellement et on est prêt à croire grâce à lui à cette histoire incroyable...
Et à aimer ce vieux con si craquant. D'autant plus que, textes et dialogues auraient permis, en étant plus travaillés, de rendre cette histoire bien plus attachante. Notamment sous son angle idylle à la "Arsène Lupin" ! Hélas, héla, hélas, ici les tourtereaux font chambre séparée...
Promis-juré : Redford avait affirmé que ce serait son dernier film, sa dernière montée d'adrénaline, une espèce de chant du cygne ! Ce qui semblait tout à fait compréhensible à 82 balais. Mais comme le vrai braqueur de l'histoire, le comédien n'a pas su résister à son jeu du chat et de la souris ! Les promesses n'engagent que ceux qui y croient...
la une (RTBF) le 30.11.2020- 31.05.2022-