70 minutes tout mouillé, pas davantage. L'art de la concision de The Party est confondante et pourquoi aurait-il fallu une heure de plus alors que tout avait été dit ? Le film est un jeu de massacre, une oeuvre mordante et cinglante, stimulée par un humour noir que l'on qualifiera de britannique, faute de mieux. Quoiqu'on pourrait penser aux Monstres de Risi aussi, tellement les 7 personnages enfermés dans un appartement se caractérisent par leurs vertus publiques et leurs vices privés. Cynisme, jalousie, prétention : les intellectuels de gauche décrits dans The Party sont méchamment hypocrites et salement menteurs. Le plaisir pris vient principalement des dialogues ciselés, avec leur lot de vacheries, et de l'interprétation magnifique de chacun des acteurs. La prouesse est collective mais on résiste pas à la tentation de souligner en priorité les prestations de Kristin Scott Thomas, Cillian Murphy, Bruno Ganz et, surtout, oui surtout, celle de l'immense Timothy Spall qui semble venu d'une autre planète. Si le noir et blanc n'apporte rien de déterminant, la mise en scène, sans en faire des tonnes, est parfaite dans sa fluidité. Il y a nécessairement un petit côté Au théâtre ce soir dans ce huis-clos de toutes les vanités mais le montage a lui aussi de l'esprit, celui de la précision laconique. La toute dernière image réserve un coup de théâtre magistral immédiatement suivi du générique de fin. On reste sur sa faim ? Oui, un peu, mais c'est parce qu'on aurait aimé passer quelque temps encore avec ces délicieux monstres.