The Puffy Chair par Garrincha
Un film très intéressant en ce qu'il constitue à la fois un sommet du mumblecore tout en en exhibant les pires tares et les limites intrinsèques.
Un sommet parce qu'il est sans doute l'un des plus drôles, des plus émouvants et des plus immédiatement jouissifs que le genre ait produit. Très bien écrit, plutôt bien interprété, hilarant par endroits, bouleversant à d'autres, le film a de grandes qualités qui tiennent plus que bien la comparaison avec les rutilantes machines de guerre hollywoodiennes.
Et c'est paradoxalement dans cette maîtrise que réside à mon sens l'écueil majeur du film, à savoir le dispositif formel du mumblecore : filmé n'importe comment, visuellement hideux de bout en bout, cet amateurisme revendiqué atteint sa limite dès lors qu'il doit mettre en scène quelque chose d'un tant soit peu écrit. Si chez un Swanberg, cela fait sens, c'est que ce qui l'intéresse c'est la banalité du quotidien, la médiocrité ontologique du mec lambda. Comment filmer le non-romanesque ? En épousant simplement l'esthétique du home movie. Or, ici c'est ce désir de fiction qui pose problème ; cette volonté de raconter une histoire structurée, avec un début et avec une fin, ne laissant que très peu de place au superflu, cette efficacité finalement du scénar bien ficelé appelle une mise en scène efficace. Professionnelle. Tout le contraire en somme du postulat mumblecorien et de ce qui fait tout son sel, tout son intérêt, toute sa justification.
Mais bon tout ça, c'est de la théorie. Concrètement, on ne voit pas le temps passer, c'est une comédie romantique à la fois moderne et juste, un des plus beaux spécimens du genre. Pour le meilleur et pour le pire.