Candle in the Windsor.Le 31 août 1997,monsieur Paul quitte en état d'ébriété sa sandwicherie et monte dans sa Mercedes pour aller faire le zouave au pont de l'Alma.Arrivé sur place,il est tellement bourré qu'il confond un poteau avec sa pédale de frein,ce qui occasionne chez lui une sorte de décès.Mais il n'était pas seul dans le véhicule,où se trouvaient trois personnes,un garde du corps qui survivra et un couple composé de Dodi Al-Fayed,commerçant en gros,et de Lady Diana Spencer,ex princesse de Galles et ex épouse du Prince Charles d'Angleterre.Ces deux-là finiront à la morgue une soirée qu'ils avaient prévu de passer sous la couette à faire des galipettes.Si personne n'en a rien à foutre de Dodi et Popaul,il n'en va pas de même pour Diana,icône médiatique de haute volée dont la mort provoque un séisme dans le Monde en général et en Grande-Bretagne en particulier.Sauf au Palais de Buckingham,où la famille royale accueille ces péripéties routières avec une indifférence totale,le genre "ça nous bouge une mèche sans déranger la coiffure".Du moins en ce qui concerne la reine Elisabeth II et son mari le prince Philip,qui n'ont jamais pu "blairer" leur belle-fille qui de toute façon s'était barrée depuis un moment pour courir le monde et les couvertures des gazettes et avait divorcé de Charles un an avant.Ils cherchent avant tout à préserver leurs petits-fils William et Harry,les enfants de Diana,et décident d'ignorer la démentielle agitation qui parcourt le pays.C'est l'été,donc on fait comme d'habitude,on s'en va à la campagne dans la propriété de Balmoral,et on laisse les neuneus se lamenter dans la capitale.Mais les manants deviennent hystériques et veulent absolument la présence des souverains,les drapeaux en berne,les funérailles à grand spectacle et tout le toutim.Ils aiment ça les gueux,les distractions sont rares en Angleterre et ils sont tous fous de la "princesse du peuple",qui a tant fait pour eux.Quoi au juste?Rien en fait,c'était pas Mère Teresa non plus,juste une tapineuse médiatique qui a su se faire mousser en initiant quelques oeuvres caritatives,à la manière des dames charitables du temps jadis,et se faire plaindre en chouinant devant les caméras car vraiment les Windsor ont été très méchants avec elle et Charles l'a trompée avec Camilla,et ces vilenies ont bouleversé les lecteurs des tabloïds qui en profitent pour faire monter la sauce et vendre du papelard avec cet accident providentiel.La pression s'accentue sur la queen,les insultes fusent,les articles incendiaires se multiplient,et encore il n'y avait pas internet à l'époque.Mais Babeth en a vu d'autres,elle est là depuis une éternité,elle a connu la guerre,ce n'est pas un fan-club d'abrutis qui va lui dicter sa conduite.Et pourtant si.Elle résiste un bon moment puis,sur les conseils du premier ministre travailliste Tony Blair,qui n'est là que depuis le mois de mai et a tenté d'éteindre l'incendie sans y parvenir,elle cèdera et se pliera à cette humiliation publique.Comme le dira Philip,"même morte,elle continue à nous emmerder!".La faiblesse du film réside dans son manque de matière.Tout se déroule sur une semaine et le seul enjeu est de savoir si la reine acceptera ou non les exigences de cette bande de crétins dégénérés qu'on appelle le peuple.Et en plus,comme ce sont des faits réels,on connait déjà la réponse.C'est pourquoi l'excellent réalisateur Stephen Frears et son scénariste Peter Morgan sont obligés de délayer,d'étirer les scènes,voir d'en introduire qui ne sont nullement indispensables.Le français Alexandre Desplat a composé une bonne musique qui accompagne agréablement cette histoire intéressante non en ce qu'elle dit de Diana ou Elisabeth,mais en ce qu'elle montre de la vile populace.En fait cette histoire fait peur.Voilà des millions de gens qui soudain se mobilisent au point de faire vaciller une très ancienne monarchie,et ce qui est curieux est ce qui motive cette ébauche de révolution.Il existe de nombreuses bonnes raisons de remettre en cause le principe de monarchie,mais elles n'intéressent pas ces agitateurs qui par ailleurs sont fans de têtes couronnées.Ce qui les énerve est que les souverains ne rendent pas hommage à une femme qu'ils ne connaissent pas personnellement et qui,qu'on l'apprécie ou non,n'a rien fait de si extraordinaire qui mériterait une telle idolâtrie,d'autant qu'elle ne doit justement sa célébrité qu'à ses royales épousailles.Après on a les idoles qu'on peut.Autrefois les peuples se mobilisaient,à tort ou à raison,pour de grandes causes politiques ou religieuses,aujourd'hui c'est pour de diaphanes vedettes sur papier glacé,o tempora o mores.Il est certain que la rigidité elisabethaine n'a plus vraiment sa place dans cet univers décadent soumis aux veaux d'or du showbiz.L'emploi d'images d'archives intercalées dans le récit n'est pas des plus heureux,la qualité de la photo et l'apparence des personnages pouvant ainsi varier d'une séquence à l'autre,mais l'avantage est qu'on découvre des facettes inattendues de protagonistes éloignés de ce qu'on pensait savoir d'eux.Il est difficile d'évaluer l'authenticité historique de ces portraits mais la reine apparait plus sensible et mutine qu'on ne pourrait le croire,Philip est décrit comme un réac gueulard,autoritaire et vindicatif,loin du toutou à sa mémère qu'on imaginait,et le "gauchiste" Tony Blair se révèle assez contrasté,très respectueux et admiratif de la reine,et au fond plus d'accord avec elle qu'avec sa bande de conseillers excités et sa harpie de bonne femme,la pasionaria Cherie.Celui qui prend cher est ce pauvre Charles.Faux-jeton à l'échine souple et couard ridicule,il ne sort pas indemne de l'affaire.Que reste-t-il de Diana aujourd'hui?Plus grand-chose à vrai dire,le vague souvenir d'une icône fanée et surcotée.Elisabeth et la monarchie sont en revanche toujours là,mais sans doute plus pour longtemps,surtout si l'on en juge aux générations suivantes.Helen Mirren est absolument épatante en femme sous pression et dressée à dissimuler toute émotion.Michael Sheen et James Cromwell sont étourdissants en Blair et Philip,tandis qu'Alex Jennings et Helen McCrory sont très bien en Charles et Cherie,à ceci près que Jennings ne ressemble guère à son modèle.Et les corgis sont formidables.