J'ai eu très peur pendant la première demi-heure du film : format d'image carré qui tronque de superbes paysages, rythme très lent, presque pas de dialogues et gros plans interminables sur les visages. Sans parler d'un soupçon, grandissant au fil des minutes, de déferlement ultérieur de misérabilisme. Bref, plein de choses que je déteste au cinéma : je ne dirai pas que j'ai failli partir, mais je n'en étais pas loin. Puis, peu à peu, une fois Cait arrivée à destination, la magie commence à opérer, par petites touches d'abord, et ça finit en apothéose. Et bien entendu, si ça se termine ainsi, c'est sans doute que le début du film y prépare le spectateur. Construction déroutante au premier abord mais in fine diablement efficace.
L'ensemble donne un film chargé d'émotion, sans qu'elle ne soit soutenue à force d'artifices de mise en scène ou musicaux. Une histoire simple et triste, chargée d'amour et traitée avec pudeur qui n'est pas sans rappeler "Le grand chemin" de Jean-Loup Hubert dans les thématiques abordées et le synopsis. Deux différences majeures toutefois : la quasi absence de légèreté dans The quiet girl (on pourra tout de même considérer que l'interrogatoire infligé à Cait par la commère du village est une scène drôle) et une fin plus ouverte.
Sachant qu'en outre ce film est magistralement interprété, l'impression d'ensemble qui en ressort est pour moi très positive et je ne regrette d'avoir résisté aux "mais, tire-toi" qui résonnaient dans ma tête durant les premières minutes. Une œuvre qui se déguste, comme un bon alcool, petit à petit et qui finit par réchauffer même si ça brule pas mal au début.