Les faucilles, la baballe et le marteau

Surfant sur le succès du premier opus sorti trois ans plus tôt, The Raid 2 nous replonge dans l'atmosphère du film d'arts martiaux Indonésien fou furieux.

On retrouve donc Rama, jeune flic rôdé et malchanceux, coincé ici au cœur d’une sombre histoire de règlement de comptes entre gangs, de passation de pouvoir de père à fils, de camaraderie forcée et, l’on pourrait croire, de vengeance.

Qu’on se le dise, ce deuxième opus se veut plus prometteur que son prédécesseur, car qui dit plus de budget dit plus de créativité : attendez-vous donc à d'avantage de scènes de bastons, à des décors plus spectaculaires (un pénitencier et sa cour extérieure boueuse, une rame de métro ou encore un luxueux restaurant qui n'est pas sans rappeler Only God Forgives) et surtout à une fontaine d'hémoglobine. Autant on avait déjà très mal pour les castagneurs dans le premier, autant ici c'est un véritable massacre. Entre deux scènes de cogne, Gareth Evans propose tout de même au spectateur de souffler un peu, lors de séquences plus tranquilles où l'on peut admirer l’effort de sa mise en scène et la qualité de sa photographie.

HÉLAS, trois fois hélas.

Là où son aîné ne se vendait comme autre chose que ce qu'il est vraiment, c'est à dire un film de castagne remarquablement intense et rythmé, The Raid 2 tombe dans le piège du "je veux en faire trop, j'en fais pas assez". Les bagarres sont bien moins pêchues et savoureuses, tout se règle par hectolitres de sang (un coup de marteau dans la moelle épinière par-ci, un coup de batte de baseball dans la bouche par là… Un massacre, vous disais-je). D'ailleurs, pour une suite, c’est pas très cohérent: dans le premier, les mecs attendaient de se manger au moins cinquante tatanes dans la tronche avant de s’effondrer pour ne plus se relever; ici, le moindre coup leur émiette une articulation ou les vide de leur sang...

Au fait, vous-ai-je dit que ce film était gore ?

Quant aux méchants, que dire: entre le mafioso boiteux en manteau & lunettes noires on-ne-peut-plus cliché et ses trois âmes damnées - un mec peu loquace qui se bat avec des faucilles en guise d'armes et un couple de tueurs psychopathes que l'on surnommera affectueusement Baballe et Cocogne -, ça casse pas trois pattes à un canard laqué (enfin en l'occurrence si mais vous m'avez compris, hein). On en regrette vraiment l'inoubliable Mad Dog, dont l’interprète Yayan Ruhian se permet tout de même une légère réapparition.

Quant à l’intrigue, que sert-elle au final ? RIEN.

Autre chose encore: la musique, épique et aussi rythmée que les combats dans le premier, se limite ici à de pauvres beats assommants et sans âme, ceci étant peut-être du au départ de Mike Shinoda (qui, je l’avoue, était ma seule et unique motivation à aller voir le premier film, ce que je ne suis pas près de regretter).

Décidément, 2014 m'apparaît comme l’évidence même que réaliser des suites à d’excellents films, c’est se casser les dents. Et je ne parle pas des dizaines de pauvres diables qui s’en mangent plein la poire dans ce film.