Marche funèbre
Ce n'est pas très conventionnel, mais commençons par une mise au point entre rédacteur et lecteurs : je fais partie des rares personnes qui n'ont pas aimé Birdman, le précédent travail d'Alejandro...
le 25 févr. 2016
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A chaque prestation, pour le public comme pour la presse, c’est la même rengaine : "DiCaprio n’a jamais été aussi bon". Qu’il soit psychopathe chez Tarantino ou trader psychédélique chez Scorsese, le comédien le plus doué de sa génération n’a jamais cessé de repousser les frontières d’un talent illimité. Avec The Revenant, il monte carrément dix crans au-dessus, rebootant l’échelle de l’excellence. Cette fulgurance, il la doit au personnage mutique de Hugh Glass, un trappeur ayant réellement existé et inspiré un roman à l’écrivain américain Michael Punke. En pleine conquête de l’Ouest, ce dernier, veuf et père d’un enfant qu’il a eu avec une indienne, est sauvagement attaqué par un grizzly. Le corps lacéré, il est laissé pour mort par le salaud de son équipe ( Tom Hardy ). Lequel, avant de l’ensevelir, prend soin de poignarder son fils...
Il faut savoir que The Revenant dépassa lourdement son budget initial et fût tourné dans des conditions si extrêmes que de nombreux membres de l’équipe abandonnèrent le projet en cours de route. Iñárritu, obsédé par la bonne tenue de sa vision artistique choisit de tourner son film chronologiquement par soucis de réalisme et en lumières naturelles, c’est à dire à peine quelques heures par jour, obligeant tout le monde à recréer méticuleusement les directives mises au point durant les répétitions. Et disons le tout de suite, l’application tyrannique avec laquelle il mis en scène l’ouvrage de Michael Punke est payante : The Revenant contient des séquences tout bonnement incroyables, jusqu’ici inédites au cinéma et se montre harassant de réalisme et regorge de scènes d’une violence inouïe...
Sur la base d’un scénario vieux comme le monde, invariablement axé sur la quête vengeresse de son héros, Alejandro González Iñárritu poursuit le brillant virage qu’il a amorcé avec Birdman, son précédent film. Le cinéaste mexicain orchestre un authentique chant funèbre où résonnent les notes de sa noirceur artistique. Même si ses détracteurs lui reprocheront de tirer sur la corde du sur-symbolisme, il leur sera plus ardu de bouder le plaisir d’une mise en scène virtuose, aérienne et limpide jusqu’aux scènes de combats, filmées avec une maestria dont nos yeux n’étaient guère habitués....
Visuellement éblouissant, d’une violence brute et soudaine à l’image de ces flèches dont l’impact sur le corps humain est pour la première fois au cinéma rendu avec une précision morbide, le film d’ Alejandro G. Iñárritu parvient à unifier le fond à la forme en étant très proche du statut de Chef-d'œuvre. Et même si parfois le film se perd en longueur, il n'en demeure pas moins une expérience unique et absolument indispensable !!!
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Créée
le 1 janv. 2016
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