The Sacrament
6.1
The Sacrament

Film de Ti West (2014)

Found footage épisode 53 - Cette critique ne contient pas le mot "secte"

Ayant vu ce film sans savoir ce que je m'apprêtais à regarder, je vous conseille de ne pas lire cette critique si vous vous apprêtez à le visionner. Le fait d'être complètement dans le brouillard face à cet nième found footage permet de garder intactes certaines surprises.

Avec The Sacrament, ignorant pleinement dans quoi je m'embarquais, les premières secondes et leur texte rabâché me donnait le sentiment épuisant de me replonger dans ce que le found footage n'arrive plus à offrir : de la nouveauté. Quelques lignes pour accentuer l'attachement au réel, la source de ce procédé est tarie depuis bien longtemps maintenant. Alors lorsque nos héros reporters rattachés au magazine Vice tentent très rapidement de poser les bases de cette expédition à la fois personnelle pour l'un et purement journalistique pour les deux autres, on s'attend simplement à la longue lutte pour survivre inévitablement liée à l'envie indéfectible et parfois ridicule de filmer quoiqu'il en coûte.
Et bien, pas tout à fait. The Sacrament réussit grâce à une tension diffuse qui s'accentue crescendo à nous interroger sur la finalité de tout ceci. L'arrivée de ces 3 amis dans cette communauté reculée en pleine jungle interroge et le malaise d'abord sporadique mis en avant avec la petite Samantha, finira par véritablement se faire sentir lorsqu’apparaîtra la figure patriarcale derrière toute cette organisation.
Gene Jones est d'ailleurs le seul acteur véritablement impactant dans ce film qui s'inspire très ouvertement du massacre de Jonestown survenu en 1978. Son arrivée à la nuit tombée, précédé de son charisme prophétique relayé par ses fidèles, finit d'installer un sentiment de malaise lorsque son hospitalité se délite doucement face à ses propos. La tension palpable de la scène de l'interview marque le tournant du film et elle finit de désarmer nos reporters face à la pointe de folie de ce prêcheur faussement ouvert et accueillant, laissant place à de multiples questions.

A partir de là, The Sacrament devient véritablement oppressant. On est au 2/3 du film et si rien ne s'est véritablement passé, les minutes se sont enchaînées grâce à une bonne gestion de l'information. Ti West utilise pleinement l'impact de la caméra à l'épaule et du temps réel pour nous donner des révélations au compte-goutte. Contrairement aux sujets habituels du genre qui nous pousse à imaginer une histoire baignée de surnaturel, le réalisateur nous prend à rebours en restant très terre à terre et le film ne s'attarde pas à nous montrer l'incompréhensible. Il se contente de nous laisser dans l'incompréhension comme ses personnages. Un bon point d'ailleurs avec l'utilisation de la petite fille Samantha qui nous trompe et pousse notre esprit à bifurquer vers le fantastique surconsommé de ce type de récit caméra à l'épaule.

Ainsi, jusqu'à la scène finale ou tout s'accélère dans un déferlement de prédications morbides, la voix rassurantes et redoutables de notre "Père" poussent les adeptes de cette communauté à l'impensable en leur donnant un dernier coup de pouce alors qu'ils sont déjà au pied du précipice. On passe alors dans une dernière demie heure où l'action prend le relais et où les images fortes et dérangeantes face à l'incompréhension d'un tel acte se succèdent.

Au final, si on ne s'est pas ennuyé, si le film n'a rien d'exceptionnel, il a le mérite de rester captivant (lorsqu'on l'attaque l'esprit vierge) en ne décrivant pas une nouvelle fois une histoires de fantômes et autres esprits revêches et surtout, en mettant en lumière un fait historique glaçant imputé au "pasteur" Jim Jones.

RicowRay
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films en found footage

Créée

le 12 sept. 2023

Critique lue 221 fois

1 j'aime

RicowRay

Écrit par

Critique lue 221 fois

1

D'autres avis sur The Sacrament

The Sacrament
oggy-at-the-movies
7

Critique de The Sacrament par Augustin

Vu sur les conseils de @Moinal, dans le cadre du Partage de Films (Avril 2018) organisé par @Moonlucide. The Sacrament est un film déroutant. Il n’est pas nécessairement un énième film en ‘found...

le 27 avr. 2018

4 j'aime

3

The Sacrament
Fatpooper
4

Une secte comme une autre

Projet intéressant, qui paraît tout de même un peu pâle en terme d'immersion depuis la sortie de "Midsommar" (pour lequel j'étais mitigé, je précise) mais qui reste un exercice de style...

le 17 déc. 2021

2 j'aime

The Sacrament
Outbuster
6

Le gourou s'est gouré

The power of love est une chanson de Frankie goes to Hollywood étrangement absente de la bande originale de The Sacrament. Comme beaucoup d’autres et pas seulement de Frankie. J’avoue ne pas trop...

le 24 févr. 2016

2 j'aime

Du même critique

The Medium
RicowRay
4

L'exorcisme de Ming

Une bande annonce faite de beaux paysages où viennent s'inscrire shamanisme et étrangeté malsaine, un film d'horreur à la sauce documentaire, Thaïlandais, avec Na Hong-Jin à la production et en tant...

le 16 déc. 2021

10 j'aime

The Strangers
RicowRay
10

What the fuck happened ?!

3ème film de Na Hong-jin, réalisateur de The Chaser qui m'avait déjà époustouflé, et bien c'est une nouvelle fois chose faite avec The Strangers. Impossible d'écrire une critique constructive en...

le 31 juil. 2016

9 j'aime

3

Dragon Ball FighterZ
RicowRay
5

Trop beau pour être trop bien

Ah ça, ils te l'ont vendu à grands coups d'images. Mon dieu, c'est pas vrai, je vais pouvoir jouer à l'anime Dragon Ball Z !C'est pas vrai ?Si, regardes la dernière vidéo !Oh. C'est pas vrai !Alors...

le 16 avr. 2018

8 j'aime