Ce qui finalement gêne le plus dans The Sadness est qu'il ne va pas aussi loin qu'il souhaiterait nous le faire croire. Ni dans le fond ni dans la forme. Son hors champ constant limite la tension et sera bien le gros bémol pour les amateurs du genre même si dans ce type d'exercices, l'étalage de gore n'est pas non plus efficace s'il s'en tient qu'à cela. Et c'est bien ce que Rob Jabbaz propose pour son premier métrage. Un fond inexploité -notre gestion du Covid, et de ces médecins non écoutés – pour mieux les fracasser ensuite - un soupçon de dénonciation du politique et de ses intérêts pour la gestion radicale d'une crise, et une forme gratuite dans ses carnages sans oser nous montrer ce qu'il suggère, à part nous abreuver de situations a fortiori, sanglantes, de jet de sang improbable, pour révéler nos bas instincts tout à coup libérés par ce virus, ne faisant aucune différence entre tous. Le réalisateur ne fait pas dans la finesse mettant tout les personnages infectés dans une même démarche de violence excessive, sans opter à minima pour quelques subtilités. Décliné en des situations identiques, on regrette que certaines directions soient oubliées en cours de route, (le refus à la violence pour certains par les sentiments qu'ils ressentent), histoire de nous délester de la lassitude ambiante en y apportant quelques surprises. Il manque alors un fond de réflexion sociétal plus poussé que ces bas instincts pour seule représentation de l'espèce humaine bridée.
Les instincts primaires, donc, avec la violence envers les autres et la violence des rapports sexuels pour un effet miroir un peu lourdingue, tentant de nous effrayer sur ce que l'homme est capable lorsqu'il est désinhibé et ce, en toute conscience de ses actes. Le système limbique attaqué par le virus, relie la zone qui régule l’agressivité à celle qui régit la pulsion sexuelle et comme le rappelle un chimiste, ces zones du cerveau ne sont pas vraiment dissemblables, et ça, on le savait déjà et reste le sujet principal, avec pourtant une seule scène de sexe et de corps entremêlés, aux visages jouissifs qui risquent de faire plutôt sourire, pour passer à la suite et pour revenir au même point. Les effets spéciaux poussifs et l'étalage de carnages réguliers pas franchement inventifs se complètent avec un vocabulaire récurrent et bien bas du front.
Se rajoute un zombie obsédé qui suit à la trace notre héroïne, pour nous retrouver sur un antagoniste que l'on peut rapprocher de bons nombres de films du traqueur bas de gamme, au sourire carnassier tout de sang vêtu qui finit de faire du film un amalgame de clichés dommageables sans suite dans les idées. De la même manière le réalisateur aura tendance à mettre dans le même sac les agresseurs et les victimes lors d'un ultime échange, pour parfaire son discours sur la violence innée.
On pourra peut-être apprécié les teintes du métrage, quelques bruits sonores mais les décors sont limités, usant des mêmes situations vues et revues, de déclinaison de seconds rôles et de résolutions attendues. Les personnages et les expressions resteront à l'identique tout du long. Regina Lei et Berant Zhu auront bien du mal à capter la caméra.
On préfèrera revoir Dernier train pour Busan ou récemment Get the hell out qui a le mérite d'être gore, décomplexé et assez fendard, voire même Mayhem. Les acteurs ajoutant certainement au plaisir du visionnage.
En tentant de revoir la copie de tous ces films de zombies qui tournaient en dérision le thème, avec le fédérateur Shaun of the dead, tout en rendant hommage à l'excès d'un Romero, le réalisateur, en s'exonérant de la comédie, échoue malheureusement, à parfaire son ambiance désespérée au portrait humain d'une grande noirceur pour se contenter d'un étalage gratuit et racoleur.