L'épouvante ça a toujours été la foire aux moutons. A chaque fois que quelqu'un créait un nouveau type de terreur, une multitude d'opportunistes venaient ensuite en faire des remakes ou des look-alikes peu inspirés. C'est ce qui arriva avec Psychose qui inventait le slasher-movie, ou encore avec Blair Witch (qui eut cependant quelques enfants qui lui furent supérieurs, dont REC) qui lui, engendra le dv-movie. The Silent House marque un nouveau genre, et c'est peu dire.
Laura (Florencia Colucci) et son père Wilson (Gustavo Alonso) arrivent en fin de journée dans une maison qu'ils doivent retaper pour permettre au propriétaire de la vendre. Peu de temps après s'être couchés, des sons sourds viendront de l'extérieur puis d'une autre pièce dans la maison. Inquiète, elle se mettra à explorer la maison, avant que son père disparaisse, se retrouvant seule, et tentant de comprendre ce qu'il se passe dans cette bâtisse.
Filmé en une seule prise avec un appareil photo numérique (un reflex, modèle Canon Mark II 5D, pour être précis), on se dit immédiatement que ce film est un réel tour de force, et on ne cesse de se demander combien de répétitions il a fallu pour que tout soit si bien calculé. Car c'est là que réside toute la force du film, tout est en temps réel, sans coupures, nous englobant dans une terreur semblant paraître sans fin. Pourtant ici il n'y a pas de démons frappeurs ou de sorcières maléfiques, tout est véridique, et ce mélange de précision et de réalité nous effraie autant qu'il nous fait nous interroger. Qui est ce mystérieux inconnu qui n'apparaît qu'en arrière plan, puis, caché brièvement par le visage de Laura, a soudainement disparu ? Voilà le genre de calculs auxquels je faisais allusion, et faites moi confiance, leur efficacité est très probante. L'autre démarche de Gustavo Hernández, le réalisateur, est de nous rappeler que la peur ne réside pas dans le vacarme et effets-spéciaux, mais dans de toutes petites choses, comme le claquement d'une porte ou un simple bruit anodin. Qui n'a pas été terrorisé, enfant comme adulte, par un claquement de fenêtre, tard le soir ? C'est dans la restitution de ces peurs primaires et enfantines qu'Hernández a concentré ses efforts, et l'effet lugubre et stressant est garanti.
En revanche ce film présente un inconvénient majeur, on ne peut pas en dire grand chose, pour la simple et bonne raison qu'il tourne autour d'un concept très simple, et trop en dire reviendrait à progressivement démonter un château de carte par le bas, or le film se charge de commencer par le haut, et loin de moi l'envie de vous gâcher le plaisir de la découverte.
Bref, The Silent House est une des grandes surprises de ce début d'année, et il faut bien admettre que les hispaniques (ici l'Uruguay) se montrent une nouvelle fois particulièrement créatifs. Tension constante, bons de furieux dans le fauteuil, on n'a pas le temps de s'ennuyer et on aurait presque envie de crier pour que le projectionniste rallume vite les lumières une fois le métrage terminé. D'ailleurs ne fuyez pas une fois le générique arrivé, une scène additionnelle (et relativement importante) étant placé après (et paf ! Au moins pour une fois vous serez contraint d'avoir le respect de lire le nom des gens qui ont bossé sur le tournage). Nouvelle façon de filmer apportant une nouvelle dimension à un genre existant, le film n'est pas encore sorti en France qu'il a déjà eu le droit à son remake US, présenté en janvier à Sundance (et qui d'après les premiers retours, est une merde).
Pour conclure, si les nanas qui se font traîner par terre dans leur piaule vous font marrer et que les tueurs masqués vous font dormir comme un bébé, une nouvelle terreur en provenance d'Amérique du Sud risque de venir vous chambouler pour un bon moment, et vous donner un regain d'espoir envers le cinéma d'épouvante.
Mention spéciale pour la scène dans le noir total, durant laquelle la seule source de lumière est le flash du Polaroïd. Petit emprunt à Saw, mais vachement plus efficace.