Florian Zeller revient dans nos salles obscures après le remarqué "The Father", et une nouvelle fois, il va adapter une autre de ses pièces de théâtre : "The Son". Autour du mal-être adolescent, des relations père-fils et de l'impuissance des figures parentales. Est-ce un grand drame familial ou une adaptation décevante ?
"The Son" est un résultat relativement mitigé, indéniablement moins intense que son premier film, ce deuxième essai oscille entre du bon et des tirs manqués. Parvenant à nous toucher, mais n'arrivant jamais à exploiter tout son potentiel. Loin d'être un mauvais film, il loupe le coche pour en devenir véritablement mémorable.
Visuellement, le film souffre d'un trop grand académisme. L'ensemble paraît souvent bien lisse, où l'on voit bien que Zeller tend à nous montrer cette bourgeoisie qui se craquelle au milieu de cet appartement new-yorkais. Mais là où la caméra arrivait à métamorphoser son environnement dans "The Father", ici l'exercice est plus difficile pour le réalisateur et c'est un challenge qu'il ne saura relever qu'à moitié. Car si l'ensemble est esthétiquement réussi, il manque à la mise en scène ce petit soupçon de virtuosité pour ne pas tomber dans un carcan bien classique, et qui nous emporte moins dans son émotion.
Le métrage possède tout de même une charge émotionnelle dans certaines scènes, notamment une scène de découverte d'un objet caché sous le lit du jeune fils souffrant. Une scène intéressante et qui aborde un sujet qui nous emplit d'émotions : l'automutilation. Et cet exemple montre parfaitement que le film arrive à porter certaines scènes avec beaucoup d'émotions, mais qui évoluent dans un ensemble assez classique et qui plombent le tout.
Et ce sentiment mitigé ne s'arrête pas qu'à sa mise en scène. En effet, le rythme et l'écriture du métrage et dans cette même tendance. Car un constat nous apparaît bien vite, le rythme de "The Son" est lent, très lent. Et cela ne serait pas dérangeant si cela servait au propos du film pour augmenter la dramaturgie et l'émotion, mais ce n'est malheureusement pas le cas ici, où le film semble s'étendre inutilement, et quel dommage quand on voit tout ce que le métrage aurait pu porter comme charge émotionnelle.
Car si les thématiques du mal-être adolescent, des dégâts irréparables d'un divorce sur l'enfant, ou encore de l'impuissance de la figure parentale sont intéressantes. Elles sont clairement sous-exploitées dans ce film, qui baigne dans un survol constant de ces thématiques, et semble trop brouillon dans ce qu'il veut nous raconter. Et si le cast des adultes (Hugh Jackman, Laura Dern et Vanessa Kirby) insuffle tout le drame et l'émotion que l'on attend, le soufflé s'écrase quand le jeune Zen McGrath apparaît à l'écran, où hélas quasiment aucune scène ne sonnent juste et qui nous empêchent toute émotion sur ce qu'il traverse. Mais nous voyons bien que la situation est contée du point du parent, notamment du père, et c'est bien cela qui sauve le film, car l'émotion est clairement dégagée par les scènes où la figure parentale est mise face à son impuissance. Et si le scénario est cousu de fil blanc, notamment avec un fusil de Tchekhov visible même pour un aveugle, le final nous emporte dans son émotion.
En conclusion, "The Son" est un film qui loupe en partie son coche, moins émouvant que "The Father", et avec des défauts visibles. Mais arrivant tout de même à nous emporter et nous faire pleurer. Un film qui avait du potentiel et qui ne l'exploite qu'à moitié.