Après le labyrinthique The Father, expérience de cinéma éreintante et bouleversante, Florian Zeller poursuit son adaptation de ses pièces, études de la parentalité et de la maladie mentale, avec ce The Son, qui, s'il n'est pas une suite, est du moins l'autre face d'une même pièce.
On sait le passage au 2ème film toujours délicat, et The Son s'annonçait sous les meilleures augures. Pourtant, force est de constater la déception face à ce film qui manque de la finesse de son aîné.
S'il a le mérite d'affronter un thème difficile, la dépression et la maladie mentale adolescente (grâce notamment à l'interprétation troublante de Zen McGrath), le désarroi des parents, la culpabilité qui les ronge, le simple fait de brandir ces thèmes et ces sentiments durs ne crée pas l'émotion, qui demeure ici malheureusement trop forcée, trop évidente et trop calculée.
Car au-delà de sa mise en scène sans génie (un comble quand on repense à celle de The Father, véritable geste cinématographique impressionnant), de ses longueurs bavardes et de ses scènes déséquilibrées, du jeu automatique de ses comédiens (là aussi, on attendait de Hugh Jackman moins de passivité, de Laura Dern moins de minauderie, de Vanessa Kirby plus de présence physique) et de son écriture lisse et sans surprises, The Son montre en outre la bascule étonnante de son auteur dans un cinéma bourgeois et glacé aux choix de mise en scène déstabilisants.
Le film est en effet bourré de "fusils de Tchekhov" qui ne font qu'annoncer la fin sans finesse, de passages obligés et attendus, rarement utiles (le souvenir émouvant, progressivement dévoilé, ou le caméo de Anthony Hopkins - peut-être malheureusement le seul vrai moment de jeu, mais rien de surprenant, on parle d'Hopkins). Il frôle même l'insulte envers son spectateur lors d'une scène, hallucinante de non-réalisme, de dilemme moral entre enfant et corps médical, ce dernier montré presque en dérision tant il sonne exagérement malveillant.
Tout cela, jusqu'à un twist final, manipulateur et trompeur, auquel on espérait ne pas avoir à assister, et qui résonne comme un geste de conclusion manquant cruellement de noblesse.
Le traitement de ce sujet, aussi dur que nécessaire, méritait plus de force et moins d'effets spectaculaires et déplacés.