Peter Miller,important avocat new-yorkais,a depuis quelques années quitté son épouse Kate pour refaire sa vie avec Beth,une femme plus jeune,qui vient de lui donner un enfant.Mais Kate le contacte car leur fils de 17 ans,Nicholas,file un très mauvais coton.Totalement dépressif,il ne va plus au lycée et rien ne le motive.Peter accepte de le prendre chez lui pour tenter de redresser la situation,mais ça ne fonctionne pas très bien.L'écrivain et dramaturge Florian Zeller serait à en croire les médias mainstream la nouvelle gloire du théâtre français.Ses pièces marchent du tonnerre,au point que ça lui a donné envie de les adapter au cinéma.Ainsi "Le père",créée en 2012,est devenue "The father" sur les écrans de 2018,et "Le fils",son hit théâtral de 2018,est devenu "The son" au ciné en 2022.On attend avec impatience un troisième long-métrage qui pourrait s'intituler "Le Saint-Esprit".Si ces oeuvres françaises se retrouvent affublées de titres anglais,c'est parce que Zeller se fait produire par les British et les Américains,parait-il friands de son théâtre.On se demande bien pourquoi à la vue de ce sinistre pensum aussi vide que prétentieux.C'est long,c'est lent,c'est ringard et prévisible,avec des flashbacks niaiseux de la période du bonheur,quand Nico et ses parents cabotaient et barbotaient pendant leurs vacances corses.Zeller filme tout ça mollement,sur un pauvre scénario qu'il a coécrit avec un autre dramaturge-cinéaste chiantissime,Christopher Hampton.Rien ne retient l'intérêt,ça n'avance pas et l'on s'épuise devant des scènes répétitives qui,comble d'ironie pour une adaptation de théâtre,n'ont même pas la décence de présenter une certaine recherche dans les situations ni un semblant de qualité dans les dialogues.Globalement Nicholas,un vrai connard de tête à claques,en veut à mort à son daron qui l'a laissé tomber,lui et sa mère,pour aller vivre sa meilleure life en compagnie d'une jeunette,et son apathie mâtinée de pulsions suicidaires parait destinée,inconsciemment ou non,à faire payer à papounet le prix de sa trahison.Bon,le gars ne s'est apparemment pas bien comporté,mais ça ne justifie pas de se mettre dans un état pareil.Si tous les enfants de divorcés pétaient les plombs à ce point-là,ce serait un carnage vu la popularité des séparations dans le monde moderne.En somme,Zeller essaie de rendre singulière une histoire d'une affligeante banalité,avec père qui culpabilise et fils manipulateur macérant dans son mal-être et son désir de vengeance.Parce que Peter n'est pas un salaud,il adore son rejeton et veut tout faire pour l'aider.Il s'y prend maladroitement et finira par opter pour une très mauvaise décision,mais de toute façon il est quasiment impossible de soigner une maladie mentale.La dernière scène entre Peter et Nicholas introduit un optimisme complètement saugrenu,avant qu'on se mette à supputer le twist qu'elle contient.Une lugubre musique de Hans Zimmer tente d'être dans le ton,mais elle non plus n'accroche pas.Les acteurs font leur possible pour gérer le désastre,à commencer par un Hugh Jackman visiblement impliqué,qui tire une trogne désolée tout du long et parvient à varier ses attitudes quand il le faut.Vanessa Kirby est très jolie mais sous-employée,et Anthony Hopkins brille le temps d'une séquence en père cynique de Peter.Il a sans doute participé par amitié,car il était en vedette dans "The father".Laura Dern est transparente et le jeune Zen McGrath est d'une nullité qui aggrave l'antipathie qu'on éprouve pour son personnage.