Cette atmosphère sourde et sombre de The Stranger ne nous est pas inconnue. Elle est réminiscente des souvenirs des Crimes de Snowton ou de Animal Kingdom, à croire que l'Australie aime à produire et exporter ses polars les plus poisseux, comme une marque de fabrique. Cela dit, The Stranger ne montre pas de violence sauvage, à l'inverse de ses glorieux prédécesseurs. Non, tout est dans l'ambiance et dans le tricotage alambiqué d'un scénario tiré d'une affaire réelle et policière, datant d'une dizaine d'années. Le suspense n'est pas celui qu'on pourrait attendre a priori, il y en a un autre mais dont on ne peut évidemment douter de la résolution finale, en dépit des circonvolutions d'un récit qui n'est pas écrit de manière linéaire. C'est bien tenté mais ressemble quand même grandement à un exercice de style, les questions du comment et quand dépassant celles du qui (on le sait) et du pourquoi (on ne saura jamais). Le meilleur du film tient dans la relation entre les deux personnages principaux, tous les deux détenteurs d'un mensonge majuscule, l'un pour la bonne cause, l'autre pour la mauvaise, et c'est un euphémisme. Filer le train à The Stranger se révèle en définitive assez paisible, malgré les efforts du scénario et de la mise en scène pour créer une angoisse prégnante. L'on aurait aimé s'approcher davantage de la psychologie profonde des deux protagonistes mais ce n'était pas la préoccupation majeure du film. Tant pis.