Allo P.A.R.I.S, ici Londres. J'ai pris l'Eurostar pour prendre du recul avec la hype française. Pour rentrer dans le steak direct. Le film veut mordre mais n’a plus de dents.

Ce qui aurait pu être un manifeste sous acide contre le patriarcat se transforme en auto parodie bourgeoise, on ne frise jamais le meta. Il n'y a pas de mise en abîme sur le cinéma comme dans Videodrome ou dernièrement le trop discret Under the silver lake...

Le gore, ici, c’est du latex propre, du viscéral de salon, des éclaboussures aseptisées. C'est une version Disney Channel du body horror. On convoque Cronenberg comme une vieille incantation mais au final, c’est aseptisé et on pourrait imaginer ce qu'aurait pu chier Paul Verhoeven... Bon, en même temps, nous avons déjà SHOW GIRLS.

Demi Moore, icône cabossée, joue son double-jeu, entre bombasse et Dudesse très belle, mais la performance tourne en boucle. Hé les loulous vous avez vu Gemini Man de Ang Lee avant hier sur le râteau TNT avant-hier ? Le jeune double était du 100 % Will Smith avec images de synthèse alors pourquoi Moore se transforme-t-elle en Margaret Qualley ? Et elle, elle commence déjà à me courir sur le système avec son tic de langue sur les lèvres, elle va devenir un mème avec çà ! Oscar du GIF, prête à détrôner Nicolas Cage.

Le reste ? Des personnages qui s'étalent comme des crêpes sous une truelle de caricature – mention spéciale au producteur « Harvey » (très fin, merci le gros trait au stabilo) en Dennis Quaid grotesque, gros plan sur ses lèvres suceuses pendant qu’il débite des horreurs misogynes et bouffe des crevettes. Wouah !!! Arrêtez tout !!! Je n'ai plus faim. Normal, elles ne sont pas grillées a la PLANCHA, les crevettes.

Le final s’empêtre dans un délire pseudo-transgressif mais c’est du spectacle jusqu'au-boutiste creux. C'est du trash overdosé qui s'étouffe sous ses propres effets en se croyant hardcore et hautement subversif.

En fait, The Substance se complaît dans une logique d'excès pour masquer son manque de substance, justement. Je répète : The Substance se complaît dans une logique d'excès pour masquer son manque de substance... C'est ouf non ?

Fargeat ? Elle te balance son long clip outrancier sans recul, sans vrai coup de poing vicieux. C'est une longue, trop longue pub pour du vide, un produit qui t'accroche certes mais qui te lâche au bout de 24h, juste le temps que l'effet expire et que la hype se barre.

The Substance manque cruellement de subtilité, en s'appuyant sur une répétition excessive et grossière de son concept dès les premières minutes. L'intrigue, prévisible et sans réelle profondeur, enchaîne les clichés autour des standards de beauté féminine sans offrir une réelle complexité ou une perversion cinématographique comme dans Neon Demon, film sous-estimé ou Starry Eyes (encore moins connu).

Le film se complaît dans une surenchère de gore et de latex, rappelant certes certains classiques de l'horreur des années 80, mais sans en atteindre l'impact viscéral et surtout philosophique sur l'époque.

HER est le film d'horreur du 21ème siècle.

Visuellement, bien que l'esthétique se veuille soignée, le body horror perd de sa force avec des scènes trop aseptisées, comme celle de la transformation corporelle tellement clean et bâclée. Le film oscille maladroitement entre horreur et humour burlesque, ce qui affaiblit l'effet horrifique initialement recherché.

La caricature outrancière de certains personnages vire au grotesque sans aucune subtilité et le reste, c'est du body porno horror chic pour projection VIP à Cannes. Bouh, ya pépé Attal qui s'est évanoui à côté de Charlotte.

Le casting, bien que pertinent en surface avec Demi Moore, ne parvient pas à élever le film au-delà de ses intentions. Moore, jouant un rôle de femme vieillissante décomposée par la haine de soi, offre une performance exagérée, mais cela n'apporte guère de profondeur psychologique à l'intrigue.

Fargeat semble vouloir répondre aux critiques de son film précédent (que je n'ai pas visionné du reste) mais The Substance reste superficiel dans son traitement de la critique des standards du patriarcat, tout en étant paradoxalement saturé de plans érotisés, du porno chic comme évoqué au-dessus, qui affaiblissent son prétendu message féministe et qui est d'une hypocrisie sans mesure, un alibi férocement malhonnête.

Autant regarder un clip racoleur de Bob Sinclar en mettant la voix lugubre de Guy Debord...

En somme, The Substance est un film qui privilégie l'excès visuel au détriment d'une réflexion véritable, et dont le spectacle grotesque et ultra-sanglant laisse un sentiment de vacuité et d'ennui. 2h20 ! Il aurait pu faire 25 mns, ça aurait été largement suffisant ou allez un 52 mns pour un Black Mirror.

Et que viennent faire ces références visuelles tellement trop présentes ? Shinning, Carrie comme si la réalisatrice était elle même en overdose de prothèses cinématographiques pour cacher le vide et le racolage du fan service post-moderne.

Fargeat, elle a sept jours pour revenir.

Sept ans ne seront pas suffisants malheureusement.

La Mouche était principalement une histoire d'amour. Ici, c'est une réalisatrice qui se regarde dans le miroir déformant pour épater la galerie de Cannes. Elephant man nous racontait en un superbe noir et blanc – merci Freddie Francis – une histoire humaniste qui nous a fait tous et toutes chialer. Toucher au cœur à jamais. N'est pas auteur ou autrice subversive (comme Kathryn Bigelow au passage...) qui veut, même avec le wokisme en bandoulière et l'armada du film de genre qui va devoir désormais bien réfléchir avant d'étaler la barbaque et les références.

TH http://sdhparis.com


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le 20 oct. 2024

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