Elle en pire
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Je sors circonspecte de The Substance. Le message féministe est louable. Le côté jusqu'au-boutiste dans le gore est ludique. Il y a de belles trouvailles visuelles, des plans léchés. Le concept au coeur du film est intéressant. La musique est très bien choisie. Les actrices jouent bien. L'aspect caricatural du jeux de certains acteurs et de certains choix de réalisation permettent d'insuffler un peu d'humour dans le film.
Mais si l'on se penche sur le scénario est certains aspects de la réalisation, le constat est plus mitigé. On comprend que l'intention de la réalisatrice est de faire une film tout en métaphores et en symboles. Le problème, quand tout se désincarne, c'est qu'on risque de se retrouver face à une coquille vide. C'est un peu le cas ici. Le film ne fonctionne qu'à condition que l'on ne se pose aucune question : quelles sont les motivations de l'agence qui met à disposition la Substance ? Lizzie n'a-t-elle aucune famille, aucun ami ? Comment l'absence de Sue une semaine sur deux est-elle gérée ? Comment le personnel de ménage qui a l'air de s'occuper de l'appartement au début ne remarque-t-il rien, a-t-il été congédié ? Comment Sue parvient-elle à fabriquer un boomker dans sa salle de bain à la seule force de ses deux bras ? Comment le monstre peut-il atteindre le plateau de tournage sans jamais être remarqué ? Pourquoi Lizzie est Sue sont-elles (à une exception près pour faire avancer l'intrigue) toujours seules aux toilettes alors qu'elles sont accompagnée par de nombreuses autres danseuses ?
À ces questions sans réponses s'ajoute une manque de caractérisation des personnages. Personnellement, les seules émotions que j'ai ressenties étaient le stress et le dégoût, et cela n'était suscité que par l'aspect horrifique de certaines scènes. On ne rentre en empathie ni avec la version jeune, ni avec la version âgée. Cela n'est pas dû qu'au fait qu'elles ne soient que très peu caractérisées, c'est aussi dû au fait qu'elles sont toutes les deux plus ou moins détestables.
C'est là une autre faiblesse du film : alors qu'il est martelé que ces deux personnages sont deux facettes d'une unique personne, elles semblent totalement déconnectées l'une de l'autre, aspect corporel mis à part. Ont-elles des habitudes, des goûts, des appétences, des craintes en commun ? Elles ne semblent avoir aucune complicité, ne rien partager de leur psyché et cela rend leur conflit artificiel. Par ailleurs, pour un film féministe, je trouve dommage de se vautrer dans le cliché de la rivalité entre les femmes. L'apothéose de fin de film aurait été, je pense, encore plus saisissante si à l'horreur visuelle s'était ajouté une amitié trahie.
Enfin, l'impression de vide est accentuée par les décors. Il y a en a très peu, ils sont très aseptisés, très artificiels. Au début, lors du flashback où Lizzie est acclamée par la foule, on aurait aimé un plan large. On aimerait voir la ville, le bâtiment où se déroule le tournage, les trajets entre les différents lieux clés. Là, à la fois on étouffe et à la fois on perd en consistance, immersion, réalisme, comme si le film manquait d'ampleur.
Un visionnage en demie-teinte mais qui rend curieuse de découvrir la suite du travail de Coralie Fargeat.
Créée
le 7 nov. 2024
Critique lue 8 fois
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