The Substance a été durant les dernières semaines l'objet d'un engouement général assez incroyable, surtout pour un film de body horror. Surprise d'autant plus grande lorsqu'on voit que le film a reçu le prix du scénario à Cannes, sachant qu'il s'est beaucoup vendu sur la simplicité de son concept.


Et c'est là le premier et majeur problème du film.

Reprenons le synopsis d'Allociné pour qu'on puisse tous repartir sur les même bases:


"

Avez-vous déjà rêvé d’une meilleure version de vous-même ? Vous devriez essayer ce nouveau produit :

THE SUBSTANCE

Il a changé ma vie. Il permet de générer une autre version de vous-même, plus jeune, plus belle, plus parfaite.

Respectez les instructions :

VOUS ACTIVEZ une seule fois

VOUS STABILISEZ chaque jour

VOUS PERMUTEZ tous les sept jours sans exception.

Il suffit de partager le temps. C’est si simple, qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?

"


Le concept est simple, et sur le papier, semble pouvoir amener des réflexions facilement mais efficacement. Le culte de l'apparence/jeunesse, notamment à travers l'hypersexualisation du corps de la femme, le rapport au temps et à la vieillesse, et autres réflexions de ce type.


Ce qu'il en est ? Rien. Le problème principal vient du fait qu'aussi simple soit ce concept, il n'est jamais clair. Il y a-t-il un ou deux personnages ? On ne sait jamais. L'entreprise répète qu'il n'y en a qu'un seul, et le deuxième acte va également dans ce sens, mais on voit très bien qu'elles sont deux personnes distinctes à un moment. Dans ce cas pourquoi continuer la procédure, puisqu'elle ne semble ne jamais en profiter, et même détester son soi plus jeune. Et même revenons sur l'entreprise "The Substance". C'est quoi ? Ca marche comment ? Pourquoi elle paye jamais Elisabeth, pourquoi elle va à un point-relais Amazon dans le 93 pour chopper le produit ?


Au-delà de ces innombrables incohérences, le vrai problème c'est qu'on ne comprend jamais les enjeux du récit, et jamais les motivations du personnage, elle est simplement pas écrite. Vous pouvez me donner un seul de ces traits de personnalité à part le fait qu'elle voudrait être plus jeune. Ou même un seul dialogue dans le film à part les monologues de son manager qu'il lui dit x ou y chose. Elle a même pas de proches, d'amis, de famille. Il y a même pas 10personnages dans ce film.


J'avais assez hâte d'arriver au dernier acte parce que c'est ce dont beaucoup de gens parlaient, mais le film devient juste une grosse série Z et une comédie gore pas drôle.


Je suis désolé pour l'oralité de ma critique mais je vois pas de moyen d'exprimer d'une meilleur manière ces défauts tellement ils sont élémentaires.


Pour passer rapidement sur la mise en scène, au début j'y croyais. L'un des premiers plans est juste un plan fixe sur l'étoile portant le nom d'Elisabeth Sparkle sur Hollywood Boulevard, qu'on voit se déliter au fil du temps pour montrer sa carrière qui déperrit. 5 minutes plus tard on a le droit au manager qui fout sa tête dans la caméra avec un grand angle. Au milieu d'une ou deux idées de mise en scène qui arrive de temps en temps, le placement de la caméra n'est jamais pensé, et le découpage à souvent aléatoire.


Maintenant ce qui me dérange le plus, c'est que j'ai l'impression de voir un clou de plus être planté dans le cercueil du cinéma d'horreur. Et j'observe un problème qui est de plus en plus courant, et qui m'inquiète pas mal. Les gens n'ont pas aimé le film, ils ont aimé l'idée du film. Ils ont aimé reconnaître les plans de la bande-annonce dans le film et pouvoir laisser une note sur Letterboxd parce que c'est le dernier film à la mode. Le film va rester dans les mémoires un peu. Les rares plans réfléchis seront utilisés dans des edits des meilleurs films de l'année ou des recos de films d'horreur récents sur Instagram, pour conforter des pseudos cinéphiles. A la manière d'un Longlegs, les gens en garderont un souvenir flou, retenant en réalité une sorte de best-of mental.


Je suis un peu salé, mais ce qui me dégoûte le plus, c'est pas juste un film qui est moins bien que son concept comme beaucoup de films d'horreur. C'est que le film qui ne transcende jamais son concept, et n'arrive même pas à le respecter.

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le 11 nov. 2024

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