Cette critique contient des spoils


Malgré tout cet emballage médiatique et ce concept qui valait vraiment le coup de jeter un œil à ce film, je ne l'ai pas trouvé concluant dans sa réalisation.

Le scénario de base était pourtant très intéressant, et quand on écoute les interviews de la réalisatrice, ça donne envie, c'est original. Le thème est d'actualité. Sur le papier, en théorie c'est très bien...malheureusement, le film s'embourbe dans la surenchère au fur et à mesure qu'il avance, à l'image de la grossière tâche de ketchup de sa première scène.


Parlons en, de ces indices, symboles et références :

The Shining, La mouche, Elephant Man, j'y ai même perçu un peu de Black Swan...On pourrait aussi prendre le parti d'un cendrillon horrifique, sans le côté glossy des conte de fées

Les références s'enchaînent, et c'est assez agréable de les remarquer en tant que spectateur. Néanmoins, j'ai l'impression que c'est la seule chose qui fait qu'il est aussi acclamé par la critique, uniquement pour cet usage intensif de références (un peu façon masturbation intellectuelle). C'est même par moment assez grossier, les signes annonciateurs sont très ostentatoires, il y a en réalité très peu d'espace pour pouvoir découvrir le film tant absolument tout le rend prévisible.


Les deux protagonistes rentrent directement en concurrence, il n'y a pas de véritable escalade (si ce n'est dans la violence), elles n'ont aucune relation entre elles. Certes, cela pourrait expliquer la déconnexion qui peut être ressentie face à son propre corps dans une société qui met constamment les femmes en concurrence, mais ici, ca apparaît comme une lacune scénaristique ; pour être en concurrence avec soi-même ou un "autre soi", il faut bien avoir une relation défaillante avec sa propre image avant, et ce n'est pas ressenti à l'écran.

Si c'est montré brièvement du côté d'Elisa, Sue, de son côté, semble être complètement détachée de sa matrice, comme si elle était totalement différente. Elle n'a d'ailleurs aucun rapport à elle-même mise à part le fait qu'elle aime sa plastique (et encore). Où se situe l'intérêt pour cette pimbêche aux motivations inexistantes de vouloir massacrer Elisa ?


Le côté "male gaze" est accentué à fond et intentionnellement, au point où c'en est écœurant de voir les fesses de Sue à longueur de temps (d'ailleurs, il y a un problème de rythme dans dans ce film). Je pense saisir ce que la réalisatrice a voulu faire, mais tout ce cru finit par lasser très rapidement.


On pourrait éventuellement lui reconnaître un côté humoristique qui n'a pas su s'imposer suffisamment pour qu'on puisse explorer la piste d'une satire.

Si le but était de dégoûter et de laisser une impression forte sur son spectateur, c'est assez réussi. Mais je crois bien que le message s'est perdu parmi les bouts de chair de monstro Elisasue, nous laissant patauger dans un nanar aussi fade que sanguinolent...

p0mkanel
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le 8 déc. 2024

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