Elle en pire
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The Substance traite de l'obsession pour la jeunesse et la beauté, tout en mettant en lumière la manière dont les femmes sont réduites à des objets de désir et exploitées dans ce processus. Le film critique la pression sociale qui pousse à cette quête constante de perfection physique, tout en montrant les dynamiques de pouvoir entre les individus, notamment comment les femmes sont à la fois victimes et actrices de cette exploitation.
Les hommes cherchent surtout à exploiter financièrement cette jeunesse. Le regard masculin, dans ce film, est plus calculateur et utilitaire que purement sexuel. Harvey n’est pas un voyeur cherchant à satisfaire un désir personnel, mais plutôt un homme d’affaires cherchant à monétiser le corps de la femme. Ce regard marchand sur la femme, qui la réduit à un simple produit à exploiter, se distingue de la vision habituelle de l'homme "porc", car il est moins axé sur le plaisir charnel et davantage sur le profit. Qui dit profit, dit argent, qui dit argent dit pouvoir.
Il faut être honnête, le film ne dépeint pas seulement les hommes comme des figures manipulatrices ou malveillantes, mais expose aussi l’ambivalence des femmes face à cette attention. Le film montre que les femmes elles-mêmes sont parfois fières de l'attention qu'elles reçoivent grâce à leur apparence, et même de l'impact qu'elle a sur leur pouvoir social et économique.
Sue ne se contente pas d’être l'objet de désir des hommes ; elle embrasse son rôle, et même Elisabeth cherche à retrouver sa jeunesse non seulement pour se réaffirmer, mais aussi pour regagner l'attention et l'adoration qu'elle a perdues. Les femmes se nourrissent de cette attention, la valorisent et l’utilisent aussi pour le pouvoir.
Un aspect du film qui est passé en dessous des radars de toutes les critiques : la dynamique entre les femmes. La quête de la jeunesse ici ne se limite pas à une pure aspiration à la beauté, mais aussi à un rejet de la vieillesse, souvent alimenté par la pression sociale. La vieillesse jalouse la jeunesse et la jeunesse déteste la vieillesse. La scène un peu avant la fin du film entre Sue et Elisabeth illustre bien le propos.
Le film est léché, un gros soin est apporté à la musique, au cadrage et au rythme. Artistiquement parlant, c'est une claque. Il y a une scène marquante où la caméra tourne autour de Sue, accompagnée d’un effet de couleur et d’un style rétro. La caméra, en mouvement circulaire, la transforme en une icône de désir, où chaque détail de son corps devient un produit de consommation, une machine à séduire. L’utilisation des couleurs saturées et de l’esthétique rétro crée une atmosphère qui joue à la fois sur la sensualité et l’artificialité de l’image.
Par contre, je n'ai pas aimé la fin du film par l'absurde. Cette dérive fait perdre de vue la dimension psychologique et sociale du film. Plus de réflexion subtil mais du trash gratuit.
Cependant, la scène de fin se rattrape par sa question : est-ce que cette quête valait vraiment la peine ? En fin de compte, ce qui reste, c'est l'idée que la jeunesse, l'argent et la reconnaissance sont des illusions fragiles et ne durent qu'un temps. Tout cela peut s'effondrer, et à la place, il ne reste que les souvenirs, et surtout l'empreinte que l'on laisse dans la mémoire des autres.
Créée
le 15 nov. 2024
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